Tunisie : les internautes plus que jamais mobilisés

Tunisie : les internautes plus que jamais mobilisés
Tunisie : les internautes plus que jamais mobilisés © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Dubitatifs sur la levée de la censure, ils se tournent vers le web pour diffuser leur message.

"Bye, bye Ammar 404", "Ammar 404 est au chômage"… Jeudi soir, les internautes ont célébré à leur manière la levée de la censure en Tunisie, en ironisant sur la disparition du censeur du ministère de l'Intérieur, qui se faisait appeler "Ammar 404". Le président Zine El Abidine Ben Ali avait promis, quelques heures auparavant, de garantir "la liberté totale" d'information et d'accès au web, alors que son pays était accusé d'être l'un des principaux prédateurs de ce média au même titre que la Birmanie ou l'Iran. Dailymotion, Youtube étaient alors de nouveau accessibles.

Twitter, Facebook comme caisse de résonance

Depuis le début de la révolte, les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter constituent une formidable caisse de résonance à la révolte des manifestants tunisiens, privés de tout autre moyen de communication.

Ainsi sur Twitter, les messages contre le gouvernement se sont multipliés, flanqués des mots clés suivants : #maniftunis, #benali, #tunis et #sidibouzid. On pouvait ainsi lire, vendredi, des tweets comme : "L’armée a reçu l'ordre de retrait et juste après les coups de feux ont commencé !", racontait un utilisateur avant de poster une image de la manifestation :

Tunisie twitter

© CAPTURE D'ECRAN TWITTER

Ce genre de photos postées sur Twitter ou Facebook sont ensuite reprises par des sites consacrés à l’actualité de la Tunisie. C’est le cas par exemple du site tuniscope.com et du blog du collectif nawaat.org.

"L'information est démultipliée"

Sur Facebook, des internautes ont d’ailleurs profité de l'occasion pour commencer à diffuser un livre qui était strictement interdit en Tunisie, La régente de Carthage, écrit par les journalistes français Nicolas Beau et Catherine Graciet. L'ouvrage dénonce le rôle supposé de l’épouse du président Ben Ali, et de sa famille pour contrôler des secteurs clefs de l’économie tunisienne.

En somme grâce aux réseaux sociaux, "l'information s'est démultipliée. Et ce qui est frappant, c'est que des personnes qui n'étaient pas militantes sont entrées dans la danse, remplaçant leur photo de profil sur Facebook par le drapeau tunisien en deuil (en noir et blanc) ou ensanglanté. Ce sont des choses qui donnent confiance et courage à ceux qui manifestent", analyse l'historienne franco-tunisienne Leyla Dakhli, qui a travaillé sur les médias arabes.