Tsarnaev, un dandy en Une de Rolling Stone magazine

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Le web crie au scandale devant la couverture du bi-mensuel américain qui met "un terroriste" à l’honneur.

L’INFO. Buzz réussi ! Lâchée sur la page facebook du bi-mensuel, mercredi matin, la photo de la couverture du prochain numéro de Rolling Stone magazine à mis les réseaux sociaux sens dessus dessous. Djhokhar Tsarnaev, en rock star. C’est ainsi que le magazine américain sur la culture pop semble présenter l’auteur présumé des attentats du marathon de Boston, en couverture de son numéro d’août 2013.

Le jeune homme de 19 ans est suspecté d’être à l’origine, avec son frère, de la double explosion qui a tué trois personnes et fait plus de 160 blessés, en avril dernier. Les internautes n’ont pas compris le choix éditorial de Rolling Stone magazine.

La photo. Debout, appuyé contre un mur, cheveux noirs bouclés en bataille, un petit collier de barbe naissante, Djhokhar Tsarnaev fixe l’objectif. Le sourcil légèrement relevé. Le jeune homme est d’un commun désarmant : il ressemble à n’importe quel ado de sa génération fan de rock. Certains internautes y voient même un mélange de Bob Dylan et Jim Morrison.

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Pourtant, ce n’est pas un jeune talent du rock qui fixe l’objectif, mais un jeune homme dérangé, à l’enfance trouble, sur qui pèsent trente chefs d'accusation, dont 17 sont passibles de la peine capitale.

Une mise en scène qui dérange. La provocation du magazine passe mal sur les réseaux sociaux. La publication de la couverture mardi matin a causé un raz de marée de tweets virulents à l’égard du bi-mensuel américain. "Rolling Stone met Djhokhar Tsarnaev en couverture. Un magazine qui glorifie le terrorisme ?", s’interroge par exemple cet internaute.

"Je viens de résilier l’abonnement que j’avais depuis 22 ans à Rolling Stone magazine. Glorifier le terrorisme est bien loin de Springsteen et Nirvana… ", estime un autre twitto.

Pour les internautes, le problème n’est pas tant le choix de dresser le portait du jeune terroriste, mais la mise en scène sur la photo de couverture. "Moi je m’en fiche que Rolling Stone magazine fasse sa Une sur Tsarnaev, mais ne le présentez pas comme une rock star !", s’insurge un internaute sur Twitter.

L’article de Rolling Stone magazine. Mais derrière cette couverture provocatrice, c’est une enquête de deux mois qui a été faite sur l’enfance de Tsarnaev. Janet Reitman, une journaliste qui contribue régulièrement au magazine culturel, a interrogé amis, proches et anciens professeurs du jeune homme pour tenter de mieux comprendre son destin brisé.

"Vu du net" : un terroriste à la Une :

"Comment un étudiant prometteur et populaire a-t-il été lâché par sa famille, tombé dans l’islam radical et devenu un monstre ?", titre le bi-mensuel américain, qui promet cinq révélations sur le jeune homme. On apprend ainsi que son prof de lutte l'avait supplié de se rendre à la police. On peut également lire que le jeune homme avait confié une fois, à un ami, que les attentats du 11-septembre étaient justifiés face à la politique menée par les Etats-Unis envers les musulmans.

Une provocation dangereuse. Si la provocation volontaire de Rolling Stone magazine a fonctionné - tout le monde en parle - elle n’est pourtant pas sans danger. Depuis les attentats de Boston et la diffusion de la première photo de Djhokhar Tsarnaev quelques jours après le drame, des adolescentes ont développé une véritable fascination pour le jeune homme. Une idolâtrie qu’elles n’hésitent pas à afficher sur les réseaux sociaux. "J’aime Justin Bieber et j’aime Jahar [le surnom de Djhokhar, NDLR]", écrivait l’une d’elles juste après son arrestation.

La couverture du magazine pourrait donc contribuer à semer le doute et à nourrir le fantasme de ces jeunes filles fragiles.