Trump président : un internaute tenu responsable

"Si vous détestez tant l’Amérique, vous devriez vous présenter à la présidentielle et arranger les choses". Réponse de Trump : "Fais attention".
"Si vous détestez tant l’Amérique, vous devriez vous présenter à la présidentielle et arranger les choses". Réponse de Trump : "Fais attention". © Capture d'écran
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T.M. , modifié à
En février 2013, Russell Steinberg avait interpellé Donald Trump sur Twitter, le défiant de se lancer dans la course à la Maison-Blanche. Trois ans après, le voilà tenu responsable de son élection.

Comme beaucoup, Russell Steinberg ne se doutait pas que Donald Trump allait devenir le 45e président des États-Unis. Impensable il y a encore quelques heures, cela l’était d’autant plus le 7 février 2013. Ce jour-là, un internaute – comme tant d’autres – répond à une pique du milliardaire sur Twitter. "Si vous détestez tant l’Amérique, vous devriez vous présenter à la présidentielle et arranger les choses", lance ce contributeur au site sportif SB Nation. Oui mais voilà, cette fois-ci, Donald Trump prend la peine de répondre et se fend d’un prophétique : "Fais attention".

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Si l’échange passe inaperçu, son tweet est déterré par un journaliste de Now This, en mai 2016, comme l’explique Slate. Trump s’affirme alors comme le favori dans la course à l’investiture républicaine. Il n’en faut pas plus pour affoler la toile, et le jeune homme devient rapidement la cible de blagues et d’insultes. "Tout ça, c’est de ta faute Russell".

Insultes, menaces de mort et propos antisémites. Dans une interview donnée à The Verge en octobre dernier, Russell, qui n'est d'ailleurs pas un supporter de Trump, explique avoir d’abord trouvé ça “drôle”. "Cela a ralenti il y a environ une semaine", confiait-il alors. Mais son tweet est à nouveau repris sur Instagram et les menaces reprennent de plus belle. "Beaucoup de gens m’ont menacé de mort ou m’ont dit de me suicider. J’ai également été la cible de beaucoup d’antisémites à cause de mon nom de famille". Russell Steinberg décide malgré tout de ne pas supprimer son tweet. Jusqu’à la nuit de mardi à mercredi, où la flambée de violence atteint des sommets, comme s’il canalisait à lui seul la frustration de millions d’Américains.

"J'en avais marre de me faire insulter". Pour Russell, la coupe est pleine. Le jeune homme décide d’effacer ses propos, qui sonnaient encore comme une blague à l’époque. Et de conclure, dans une ultime série de tweets : "J'essaye d'éviter une tempête qui s’abat sur moi sur Twitter". "Tout le monde surgit dans mes mentions pour me dire d'aller me faire foutre : avez-vous voté aujourd'hui ? Juste par curiosité". "Les gens vont continuer de s'en prendre à moi parce que c'est ce qu'ils font. Bien. D'une certaine façon je le mérite. Mais je ne vais nulle part". "J'ai effacé mon tweet. Notamment parce que j'en avais marre de me faire insulter". "C'est l'heure d'aller dormir. Je ne sais pas quoi dire d'autre. Le soleil se lèvera demain et on tentera alors de comprendre".