Timochenko en prison pour sept années ?

L'ex-Premier ministre ukrainienne Ioulia Timochenko
L'ex-Premier ministre ukrainienne Ioulia Timochenko © REUTERS
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avec AFP , modifié à
La condamnation de l'ex-dirigeante ukrainienne, dont elle a fait appel, est très critiquée.

Après plus de trois mois de procès, la sentence est tombée pour l'ancienne égérie de la Révolution orange. Ioulia Timochenko, l'ex-Premier ministre ukrainienne devenue opposante, a ainsi été reconnue coupable mardi d'abus de pouvoir du temps où elle était aux affaires et condamnée à sept ans de prison ferme. Le jugement du tribunal de Kiev, la capitale, interdit aussi à l'opposante d'exercer des fonctions officielles pendant trois ans. Une décision de la justice ukrainienne qui a immédiatement déclenché de très vives réactions sur le plan diplomatique.

En détention provisoire depuis août

Ioulia Timochenko, en détention provisoire depuis le 5 août, était jugée pour avoir conclu en 2009, sans l'autorisation du gouvernement qu'elle dirigeait, des accords gaziers avec la Russie considérés comme étant défavorables à son pays.

Sur le plan financier, l'opposante au président Viktor Ianoukovitch a été condamnée à rembourser quelque 190 millions de dollars à l'entreprise publique des hydrocarbures ukrainienne Naftogaz, un manque à gagner pour l'Etat après les contrats gaziers "désavantageux" qu'elle avait négociés avec la Russie."Le tribunal a décidé de donner satisfaction au recours de l'entreprise nationale Naftogaz en ordonnant à Timochenko de rembourser les pertes de cette compagnie à hauteur de 1,516 milliard de hryvnias", soit environ 190 millions de dollars, a déclaré le juge.

Un jugement contesté en appel

Ioulia Timochenko a annoncé son intention de faire appel de la décision de la justice ukrainienne. Avant le prononcé du jugement, elle avait une nouvelle fois pointé du doigt une machination de la part de Viktor Ianoukovitch, qui l'a battue de peu lors de l'élection présidentielle de février 2010.

"Nous allons nous battre pour défendre notre réputation devant les instances européennes. L'année 1937 (des répressions staliniennes, ndlr) est de retour. Il faut être forts. Il faut protéger l'Ukraine de l'autoritarisme, de l'absence de liberté", a encore lancé l'égérie de la Révolution orange en 2004 après l'annonce du jugement.

L'Europe menace l'Ukraine

L'Union européenne, avec qui Kiev tente de négocier un accord de partenariat, a elle-même vivement critiqué ce jugement, parlant de "déception". Et les menaces n'ont pas tardé : l'Ukraine s'expose à de graves conséquences si Ioulia Timochenko ne bénéficie pas d'une procédure équitable en appel, a prévenu la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Pour ménager ses alliés, le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a déclaré mardi comprendre les inquiétudes de l'Union européenne. "C'est sans aucun doute un cas regrettable qui empêche l'intégration européenne de l'Ukraine. Il suscite les inquiétudes de l'UE et nous comprenons pourquoi", a-t-il glissé. Tout en insistant sur le fait que l'affaire Timochenko n'était pas terminée, procédure en appel oblige.