Theresa May, la nouvelle "Dame de fer" ?

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avec agences , modifié à
PORTRAIT – L’actuelle ministre de l’Intérieur britannique va prendre la place de David Cameron au 10 Downing Street. 

La ministre de l'Intérieur Theresa May prendra les rênes du gouvernement britannique mercredi, a annoncé lundi le Premier ministre démissionnaire David Cameron. Elle était la seule en lice pour devenir Premier ministre après le retrait d'Andrea Leadsom. Eurosceptique dans l'âme, c’est donc elle qui négociera la sortie de l’Union européenne. 

La ligne qu'elle défend
Cette femme grande et mince, à l'allure patricienne, cheveux gris coupés courts et yeux assortis, est une conservatrice située plutôt à la droite du parti, même si elle mène à présent campagne pour séduire sur des thèmes plus sociaux, tentant ainsi de casser son image froide. Au ministère de l'Intérieur, dont elle est à la tête depuis 2010, elle a tenu une ligne très ferme, qu'il s'agisse des délinquants, des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes.

Ce qu'on dit d'elle
Si on lui reproche son manque de charisme, on lui reconnaît également autorité et compétence. Elle peut aussi se montrer cassante et d"une "détermination féroce", selon le Daily Telegraph. Ce qui lui vaut d'être parfois surnommée la "nouvelle Margaret Thatcher". Mais elle apparaît plus proche d'une Angela Merkel, la chancelière allemande, avec qui elle partage le fait d'être fille de pasteur, conservatrice, pragmatique, ouverte au compromis et sans enfant.

" Theresa est une femme drôlement difficile "

Et pour se décrire, elle confie : "Je ne fais pas la tournée des plateaux de télévision. Je n'ai pas de potins à partager pendant le déjeuner. Je ne vais pas boire des verres dans les bars du Parlement. Et je ne porte pas mes sentiments en bandoulière. Je fais juste mon boulot".

"Theresa est une femme drôlement difficile", commentait récemment sur une télévision l'ex-ministre Kenneth Clarke, député conservateur. "Le prochain qui va s'en rendre compte, c'est Jean-Claude Juncker", a-t-elle rebondi avec humour, donnant le ton des négociations de sortie de l'UE avec le président de la Commission européenne.

Son parcours

Fille d'un pasteur anglican, Theresa Brasier est née le 1er octobre 1956 à Eastbourne, ville côtière du sud-est de l'Angleterre. Après des études de géographie à Oxford et un bref passage à la Banque d'Angleterre, elle entame sa carrière politique en 1986. Elle est alors élue conseillère du district londonien cossu de Merton. Après deux échecs aux législatives, elle est élue en 1997 députée conservatrice dans la circonscription prospère de Maidenhead, dans le Berkshire, dans le sud de l'Angleterre.

De 2002 à 2003, elle est la première femme à être secrétaire générale d'un parti conservateur. Elle s'illustre lors d'un discours où elle qualifie les tories, alors marqués très à droite, de "nasty party" ("parti des méchants"), ce qui lui vaut quelques inimitiés. De 1999 à 2010, elle occupe différents postes dans le cabinet fantôme des conservateurs. En 2005, elle prête main-forte à David Cameron dans sa conquête du parti.

Lorsqu'il est élu chef du gouvernement en 2010, il la récompense en lui attribuant le portefeuille de l'Intérieur, qu'elle conservera lors de sa réélection en 2015. "Elle a une capacité de travail incroyable et elle est très exigeante", souligne une de ses collaboratrices, sous couvert de l'anonymat. "Elle déteste le risque, c'est quelqu'un de fiable".

Son péché mignon
Malgré ce pédigrée impressionnant, Theresa May va devoir travailler sur son image. La ministre de l’Intérieur souffre d’un déficit de chaleur humaine et de communication. Un trait de caractère qu’elle cherche à modifier notamment à travers des séries de photos personnelles qu’elle diffuse dans la presse pour donner une image plus conviviale. On la voit notamment enlaçant tendrement son mari Philip John May, un banquier, ou encore son mariage à l'église en 1980.  Pourtant, en petit comité, elle sait se montrer pleine d'humour et charmante.

Seul petit grain de folie notable : ses paires de chaussures fantaisies qui ne manquent pas d’attirer l’attention des Britanniques. Lors d’une rencontre avec la reine Elizabeth II, la ministre de l’Intérieur avait défrayé la chronique pour avoir porté de grandes bottes en cuir noir, façon cuissardes. Un peu trop osées, au goût des conservateurs anglais !