Un homme arbore le drapeau de Daech en Syrie. 0:50
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M.S. avec AFP
Alain Rodier, spécialiste du renseignement, a relativisé les informations d'Europol, qui a affirmé la présence de camps de Daech en Europe.
INTERVIEW

"Il faut relativiser" les informations d’Europol sur de possibles camps d’entraînement de Daech sur le sol européen, a expliqué mardi dans Europe Midi Alain Rodier, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement. Un rapport d’Europol issu des contributions d’experts des 28 Etats membres de l’Union européenne, publié lundi, indique que l’organisation terroriste préparerait de nouvelles "attaques d’ampleur" en Europe et disposerait de "camps d’entraînement" sur le continent. Le document signale également un "changement dans le mode opératoire" de l'organisation djihadiste implantée en Syrie et en Irak, désormais capable de réaliser "quand elle le souhaite", partout dans le monde, des "séries d'attaques complexes et bien coordonnées" grâce à des combattants locaux connaissant bien le terrain.

Pas de camp d'entraînement en France. "Il ne faut pas imaginer des baraquements, des dizaines de combattants qui s’entraînent sur des stands de tirs", appuie Alain Rodier. "Ce n’est pas ça. Ce sont des individus qui se regroupent pour faire du sport, pour pouvoir aller en forêt de Fontainebleau ou autre, pour mener des activités physiques." Le spécialiste rappelle que les auteurs des attentats qui ont eu lieu en France en 2015 ont été préparés à l’étranger. "La formation au tir ou au maniement des explosifs, ça ne s’improvise pas. Même s’il est évident qu’il y a des loups solitaires, qui s’entraînent à partir des revues" des différentes organisations terroristes. En juillet 2015, le journal britannique The Daily Mirroravait évoqué une "base avancée" de Daech en Bosnie. Là encore, Alain Rodier refuse tout affolement : "il s’agit d’un petit camp isolé." Avant de résumer : "les activistes les plus dangereux sont formés à l’étranger".

Alain Rodier ajoute qu’il peut cependant y avoir des regroupements de volontaires, notamment dans des clubs de sports, ainsi que des entraînements à résister aux interrogatoires de la police : "c’est très inquiétant. Il y a des individus qui sont prêts à donner les bonnes réponses et à passer à travers les mailles du filet".