La président turc, Recep Tayyip Erdogan. 1:21
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Raphaël Maillochon et G.M. , modifié à
Pour Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences Po, la Turquie ne pourra plus peser "d'un poids très important sur le plan géopolitique".

Trois semaines après la tentative de putsch manquée en Turquieles militants pro-Erdogan étaient appelés à descendre dans les rues dimanche après-midi pour démontrer la légitimité de leur président. Et si Recep Tayyip Erdogan a repris le pouvoir, la Turquie "mettra sans aucun doute plusieurs années à se remettre", notamment sur le plan militaire, selon Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences Po.

Mainmise d'Erdogan. "On ne peut que constater la mainmise très forte d'Erdogan et de son parti islamo-nationaliste, l'AKP, et ça depuis de nombreuses années. L'AKP, depuis 2002, a toujours été élu de manière absolument démocratique", explique le spécialiste des relations internationales. "Autrement dit, la moitié de la population sait ce qu'elle fait. Et ce qu'elle veut, c'est un autoritarisme islamo-nationaliste."

Des conséquences militaires. Pourtant, "lorsque l'on décapite une armée, lorsqu'on la transforme en profondeur, lorsqu'on l’humilie, la moitié des généraux ont été destitués ou embastillés, ça dépasse en quantité les purges de Staline en 1937", cela a forcément des répercussions, estime-t-il. "Par conséquent, cette armée-là ne va pas pouvoir combattre avec la même efficacité, la même détermination et la même cohésion à la fois les rebelles kurdes d’Anatolie orientale et les combattants kurdes de Syrie", prévient Frédéric Encel. "On ne peut pas tout demander à une armée qui a été à ce point humiliée et décapitée."

Pour Frédéric Encel, "ce n'est donc pas maintenant que la Turquie va pouvoir peser de manière importante sur le plan géopolitique parce qu'elle mettra sans aucun doute plusieurs années à se remettre" de la tentative de putsch.