Taxes américaines : l'UE prête à "se défendre", l'OMC met en garde contre un risque d'escalade

Roberto Azevêdo, directeur général de l'OMC crédit : JUAN MABROMATA / AFP
"On sait quand et comment cela commence mais on ne sait pas ni comment ni quand cela se termine", a rappelé le directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo. © JUAN MABROMATA / AFP
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avec AFP , modifié à
Face à la guerre commerciale qui se profile entre les États-Unis et l'Union européenne, le directeur général de l'OMC a mis en garde lundi contre le risque d'une escalade de "représailles", dont personne ne sortirait gagnant.

L'UE a promis de se défendre face à ceux qui veulent l'"intimider" par des mesures protectionnistes au moment où Donald Trump menace de lourdes taxes ses industries sidérurgique et automobile.

Des "représailles" commerciales "difficiles à inverser". Face à l'ampleur de la controverse, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Roberto Azevêdo, a mis en garde lundi contre le risque d'une escalade de "représailles" commerciales, dont personne selon lui ne sortirait gagnant.

"On sait quand et comment cela commence mais on ne sait pas ni comment ni quand cela se termine", car une escalade de "représailles réciproques" en matière commerciale est ensuite "difficile à inverser", a déclaré le dirigeant de l'OMC depuis Brasilia.

"Nous nous défendrons contre les intimidateurs", prévient l'UE. À Bruxelles, la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström a souligné - sans toutefois mentionner explicitement les États-Unis ou Donal Trump - que le protectionnisme était "utilisé comme une arme pour nous menacer et nous intimider". "Mais nous n'avons pas peur et nous nous défendrons contre les intimidateurs", a-t-elle ajouté.

Pour le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, "le plus gros risque serait de ne pas prendre de risque et ne pas riposter" à la décision de l'administration américaine. "Nous ne voulons pas entrer en guerre commerciale, mais nous allons défendre nos intérêts économiques, nos usines, notre industrie et nos emplois", a-t-il déclaré lundi soir à Bruxelles.

Des taxes dans une dizaine de jours. Malgré les mises en garde des partenaires commerciaux des États-Unis, Donald Trump a formalisé jeudi dernier sa décision d'imposer des taxes à l'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Elles doivent entrer en vigueur d'ici une dizaine de jours.

L'UE, de son côté, exige d'être exemptée des taxes américaines, à l'instar du traitement réservé à Ottawa et Mexico. Mais de premières discussions samedi à Bruxelles entre les Européens et le représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, en présence également du ministre japonais de l'Economie, Hiroshige Seko, s'étaient révélées infructueuses.

Trump demande à l'EU d'abandonner ses douanes. Pire, quelques heures plus tard, le président américain indiquait que si l'UE voulait être exemptée des taxes sur l'acier et l'aluminium, elle devait "abandonner" ses propres barrières douanières et réglementaires sur les produits américains, notamment les droits de douane de 10% imposés par l'UE sur les véhicules, alors que les droits américains sont de 2,5%. Les Européens ont été surpris par ces déclarations et leur imprécision. "Nous attendons toujours des éclaircissements", a rappelé Cecilia Malmström lundi.

Des taxes sur les jeans et le jus d'orange. L'UE a préparé des contre-mesures si Donald Trump persiste dans ses intentions. La plus immédiate, applicable en trois mois, consisterait à lourdement taxer, certains produits américains emblématiques comme les jeans, les motos de grosse cylindrée et le beurre de cacahuète.