Tarek Aziz : une condamnation politique

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avec Didier François , modifié à
L’ancien chef de la diplomatie irakienne vient d’être condamné à mort par la Cour suprême.

C’est une décision inattendue de la Cour suprême irakienne. Elle a condamné à mort, mardi, Tarek Aziz, ancien bras droit de Saddam Hussein et ami d’enfance du dictateur. La Cour suprême lui reproche sa responsabilité dans l'interdiction des partis islamistes chiites par le régime de Saddam Hussein, lorsqu’il faisait partie du gouvernement entre 1979 et 1983.

Une punition politique

L’an dernier, cette même Cour suprême avait acquitté Tarek Aziz alors qu’il était poursuivi dans le cadre des atrocités commises sous le régime de Saddam Hussein. Les juges avaient estimé que le chef de la diplomatie de l’époque, même s’il avait le titre de vice-premier ministre au moment des faits, n’était pas directement impliqué dans la répression. Et il n’avait été condamné qu’à 7 ans de prison lors du procès sur la déportation massive des Kurdes irakiens dans les années quatre-vingt.

Cette condamnation à mort, prononcée mardi, peut paraître sévère par rapport aux précédents verdicts de la Cour d’appel. Elle peut être interprétée, en fait, comme une punition pour la participation de Tarek Aziz à la politique d’interdiction des partis islamistes chiites en tant que membre chrétien d’un gouvernement laïc.

Pris entre les chiites et les sunnites

Mais derrière cette grande sévérité de la Cour suprême se cache une guerre politique qui va bien au-delà du cas de Tarek Aziz. L’ancien chef de la diplomatie serait en fait instrumentalisé dans la bataille qui oppose l’actuel Premier ministre, Nouri Al-Maliki et son rival Iyad al Allawi. Chacun cherche en effet à récolter des voix.

Iyad al Allawi vient en effet de remporter les dernières élections grâce à des voix sunnites, mais il ne parvient pas à former un nouveau gouvernement. Et Nouri Al-Maliki, qui cherche le soutien des partis chiites, entend quant à lui, conserver sa majorité parlementaire.

Un nouveau procès en vue

Un nouveau procès pourrait avoir lieu dans les mois à venir. Tarek Aziz devrait en effet faire appel. Et même s'il ne le fait pas, le juge Sahib a rappelé que la loi irakienne prévoyait un rejugement automatique en appel pour les personnes condamnées à mort ou à la prison à vie.