Syriza, le parti grec radical aux portes du pouvoir

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La formation politique a édulcoré son discours pour attirer davantage d'électeurs. Et pourrait continuer dans cette voie si elle arrivait en tête des votes.

C'est la grande inquiétude des créditeurs de la Grèce. Lors des élections législatives qui vont se tenir le 25 janvier prochain, un parti radical de gauche pourrait arriver en tête des votes, selon les derniers sondages. Depuis quatre ans, Syriza profite du ras-le-bol qui entoure l'austérité imposée par Bruxelles et le FMI au point que son leader Alexis Tsipras s'imagine déjà Premier ministre.

Ferme et décidé. Depuis l'annonce des législatives anticipées, un vent de panique souffle à Bruxelles et sur les marchés financiers. Lundi, la bourse d'Athènes a plongé. Le président de la Commission européenne en personne a expliqué avec insistance qu'il "n'aimerait pas que des forces extrêmes arrivent au pouvoir". Il faut dire que le programme de Syriza remet en cause les politiques destinées à redresser la situation budgétaire du pays et par là même sa capacité à rembourser ses dettes. Et Alexis Tsipras, à la tête du parti, a enfoncé le clou en déclarant, à l'annonce des législatives anticipées : "C'est un jour historique. Avec la volonté du peuple, dans quelques jours, les plans d'austérité appartiendront au passé, l'avenir peut commencer".

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Malgré les apparences, depuis sa création début 2000, le parti a mis de l'eau dans son vin. A l'origine, Syriza demandait l'annulation pure et simple de sa dette et la fin totale des politiques d'austérité. Des propositions qui lui ont assuré une ascension fulgurante. Lors des dernières législatives de 2012, Syriza caracolait à 16,7% des voix, devenant la troisième force politique du pays.

Car si la situation du pays semble s'améliorer, avec certains indicateurs encourageants, les Grecs souffrent toujours et encore d'une dégradation violente de la situation sociale du pays. Le revenu moyen a plongé et le chômage explosé en quatre ans. Et Syriza tient ces politiques pour responsables du cauchemar social dans lequel se trouve la Grèce.

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S'il arrive au pouvoir, Alexis Tsipras voudrait y mettre fin grâce à un ambitieux programme qui fait la part belle au social. Il voudrait notamment augmenter le SMIC grec, qui est tombé à 580 euros par mois depuis le début de la crise. Une autre promesse phare : donner de l'électricité gratuite ainsi qu'un accès libre aux transports en commun aux 300.000 foyers pauvres.

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"La Grèce a 180% de son PIB à rembourser"par Europe1fr

D'europhobe à eurosceptique. Pourtant, sur sa manière d'aborder les relations avec l'Union européenne, les choses ont bien changé. Syriza est passée d'europhobe à eurosceptique. Actuellement, le parti veut rompre avec certains positions trop radicales de ses membres, exprimées lors du pic de la crise en Grèce il y a deux ans. A sa création en 2008, le parti prônait une sortie de la zone euro. Aujourd'hui, il n'en est plus question, même si Alexis Tsipras n'a pas ouvertement désavoué cette proposition.

Grèce manifestation AFP

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Parler avec Bruxelles. Alexis Tsipras tempère son discours et se laisse désormais la possibilité du dialogue avec Bruxelles. Lundi, il a promis de ne pas agir de manière "unilatérale" sur la dette. Il veut désormais la renégocier avec la troïka, composée du Fonds monétaire internationale, de l'Union européenne et de la Banque centrale européenne qui supervisent la sortie de crise du pays.

Besoin d'alliés. Syriza s'est un peu adoucie et pourrait bien continuer sur cette lancée s'il est élu. Les derniers sondages ne lui donnent "que" 28% des intentions de vote, ce qui lui assurerait plus de députés que les autres partis. Il lui faudra donc trouver des alliés. Il faudra s'entendre et l'un des faiseurs de roi possible sera le nouveau parti de centre-gauche, plus consensuel et moins violent à l'encontre de la politique d'austérité.

Comme le souligne Simon Usherwood, de l'université du Surrey, au Royaume-Uni, "gagner une élection est une chose, mettre en oeuvre une politique en est une autre. Ce qui peut être dangereux pour Ukip comme pour d'autres, ce serait que Syriza finisse par adopter la même position que le gouvernement grec actuel concernant l'austérité et les exigences de la troïka" des créanciers d'Athènes, "avec seulement des changements superficiels, ce qui ne m'étonnerait pas", note-t-il sévèrement.