Syrie : Londres juge "impensable" de se passer de l'ONU

Londres affirme qu'une intervention militaire "serait autorisée" même en cas de blocage à l'ONU
Londres affirme qu'une intervention militaire "serait autorisée" même en cas de blocage à l'ONU © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L’ESSENTIEL - Pour Londres, une '"opposition écrasante" au Conseil de sécurité bloquerait toute action.

 #L'ESSENTIEL

- Une action en Syrie semble repoussée de plusieurs jours

- "Nous préparons l'indispensable réponse", a déclaré Fabius à la conférence des ambassadeurs.

- Cameron se dit "convaincu" de la responsabilité du régime dans les attaques chimiques mais juge "impensable" que le Royaume-Uni se lance dans une action militaire contre la Syrie en cas de forte opposition au Conseil de sécurité des Nations unies.

- Obama défend une action "limitée" et dit n'avoir pris aucune décision.

- La réunion au Conseil de sécurité a tourné court.

- La Russie va envoyer de nouveaux bateaux de guerre en Méditerranée

#LA DIPLOMATIE

• Que dit la France ?  La France et ses partenaires préparent "l'indispensable réponse" à l'attaque chimique lancée le 21 août par le régime syrien à Damas, a affirmé jeudi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius dans son discours de clôture à la conférence des ambassadeurs. Le ministre appelle à une "réaction réfléchie, proportionnée et ferme" pour que Damas comprenne "que de tels crimes ne resteront pas impunis". Laurent Fabius évoque également une "solution politique (...) qui passe par notre soutien à l'opposition.

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© Capture itélé

A l'issue d'une entrevue avec le chef de la Coalition syrienne, François Hollande a réclamé, de son côté, à ce que la communauté internationale porte un "coup d'arrêt" à la violence. Le président français a assuré "avoir conscience de la douleur du peuple syrien".

• Que dit le Royaume-Uni ? Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré jeudi qu'il était "impensable" que le Royaume-Uni se lance dans une action militaire contre la Syrie pour la punir d'avoir eu recours à l'arme chimique en cas d'"opposition écrasante" au Conseil de sécurité des Nations unies. David Cameron s'est, par ailleurs, dit convaincu de la responsabilité du régime syrien dans l'usage d'armes chimiques même s'"il n'y a pas 100% de certitude".

• Que disent les Etats-Unis ? "Je n'ai pas encore pris de décision" sur une action en Syrie, a indiqué le président des Etats-Unis sur la télévision PBS. Assurant que son pays avait conclu à la responsabilité du gouvernement de Bachar al-Assad dans cette attaque, le président des Etats-Unis a toutefois écarté un "engagement direct militaire" de son pays dans la guerre civile syrienne.

> A lire : INTERVIEW - Comment les dirigeants préparent l’opinion à une intervention

L'idée sous-jacente est que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu'il ferait mieux de ne pas recommencer" à utiliser des armes chimiques, a-t-il expliqué. "Si nous envoyons un coup de semonce pour dire ‘arrêtez’, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme", a encore argumenté le président.

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© REUTERS

Un haut responsable de l'administration a indiqué mercredi soir que les dirigeants du Congrès et les présidents de commissions se rendraient jeudi à la Maison-Blanche pour prendre connaissance des éléments classés secrets recueillis par le renseignement américain sur l'attaque chimique du 21 août.

 • Un 5ème destroyer américain déployé. Les Etats-Unis ont déployé jeudi un destroyer supplémentaire face aux côtes syriennes, a indiqué jeudi un responsable américain de la Défense. "L'USS Stout est en Méditerranée et se dirige vers l'est", a déclaré ce responsable. Ce bâtiment militaire est amené à prendre la relève sur place de l'USS Mahan mais les deux navires devraient croiser ensemble, avec trois autres destroyers, pendant un temps indéterminé au large des côtes syriennes, selon lui.

La France déploie une frégate. La France a décidé d'envoyer au large de la Syrie un navire de la force d'action navale, la frégate antiaérienne Chevalier Paul, selon une information du site du Point, dont Europe 1 a eu la confirmation. Ce navire, un bâtiment de défense, doit rejoindre la flotte internationale actuellement déployée face aux côtes syriennes, qui compte notamment quatre frégates lance-missiles de l'US Navy, ainsi qu'un certain nombre de sous-marins nucléaires d'attaque américains et britanniques, précise l'hebdomadaire. Un peu plus tard, les armées françaises se sont déclarés "en position de répondre aux demandes du président de la République" si une décision était prise d'engager les forces françaises dans le cadre de la crise syrienne, a annoncé jeudi le ministère de la Défense.

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© Capture itélé

Hollande réclame un "coup d'arrêt" à la violence. A l'issue d'une entrevue avec le chef de la Coalition syrienne, le président français a assuré "avoir conscience de la douleur du peuple syrien" et a réclamé que la communauté internationale doit porter un "coup d'arrêt" à la violence. 

La Russie va envoyer des bateaux de guerre. La Russie va envoyer "dans les prochains jours" un bateau de lutte anti-sous-marine et un bateau lance-missiles en Méditerranée, a annoncé jeudi une source militaire russe."La situation qui se complique dans l'est de la Méditerranée exige de notre part une certaine adaptation des forces navales. Un bateau de lutte anti-sous-marine et un bateau lance-missiles vont s'ajouter dans les prochains jours à la flotte" russe déjà présente dans cette région, a précisé cette source au sein de l'état-major des forces armées.

• Assad va se défendre. Le président syrien Bachar al-Assad a affirmé jeudi que son pays se défendrait contre toute attaque alors que des pays occidentaux l'accusent d'avoir utilisé des armes chimiques et menacent d'une réaction militaire à cette attaque.

Que s’est-il passé à l’ONU ? Au Conseil de sécurité, la ligne de fracture entre les cinq pays membres permanents a reflété fidèlement les positions de chacun sur le conflit. Les ambassadeurs russe et chinois, soutiens de Damas, ont quitté la salle où se tenaient les consultations sur un projet de résolution britannique au bout d'une heure et quart. Les représentants des trois autres pays (France, Royaume-Uni, Etats-Unis) sont sortis sans faire de déclarations. Selon le gouvernement britannique, le texte devait autoriser un recours au "chapitre VII de la Charte de l'ONU" qui prévoit notamment des mesures pouvant aller jusqu'à une opération militaire.

> A lire : DECRYPTAGE - Comment contourner le Conseil de sécurité ?

Que dit l’Otan ? Même si une intervention directe de l'Otan n'est pas à l'ordre du jour selon un diplomate, l'Alliance atlantique a elle aussi jugé qu'un recours aux armes chimiques ne pouvait "rester sans réponse".

#SUR LE TERRAIN

syrie armes chimiques visite ONU 930

© Reuters

Où en est l’enquête ? Selon le patron des Nations unies Ban Ki-moon, les experts quitteront la Syrie samedi matin. Les experts de l'ONU se sont rendus jeudi durant près de quatre heures dans la banlieue est de Damas, sur l'un sites de l'attaque chimique présumée imputée au régime syrien.

Israël s’active. Signe de fébrilité, Israël a autorisé un rappel limité de réservistes et déployé des batteries antimissiles à sa frontière nord avec la Syrie. La Turquie a renforcé son niveau de vigilance.

La hausse du prix du baril. La perspective d'une frappe a fait également monter le prix du baril de pétrole qui a atteint son plus haut en deux ans à New York à 110,10 dollars mercredi.