Syrie : le drame de Djisr el Choghour

L'armée syrienne a déployé de très nombreux soldats dans Djisr el Choghour, en proie à des combats violents.
L'armée syrienne a déployé de très nombreux soldats dans Djisr el Choghour, en proie à des combats violents. © REUTERS
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avec François Clauss
La ville du Nord de la Syrie est la proie de violents combats. Plusieurs versions s’affrontent.

"Impossible de savoir ce qui se passe réellement depuis 48 heures à Djisr el Choghour. La ville est coupée du monde. Seule certitude, c’est grave, terrible. Il y a des morts, beaucoup de morts, et un déploiement considérable de l’armée." Le désarroi de ce diplomate français, basé à Damas, joint par Europe 1, en dit long sur la dégradation de la situation dans cette ville du Nord de la Syrie, située à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Turquie.

 

120 soldats tués ou exécutés

 

La télévision syrienne a fait état lundi de 120 soldats tués dans les combats à Djisr el Choghour. Et la situation semble s’aggraver d’heure en heure, avec l’envoi de troupes supplémentaires pour réprimer les manifestations hostiles au régime du président Bachar el-Assad.

 

Selon les informations d’Europe 1, deux versions de la situation s’opposent. Selon celle du pouvoir, étayée par la télévision d’Etat, l’armée syrienne doit combattre dans cette ville de 50.000 habitants, des centaines d’hommes lourdement armés. Ce qui explique la perte de 120 soldats. La deuxième version, celle soutenue par les associations de défense des droits de l’Homme, est diamétralement opposée. Les 120 militaires auraient été froidement abattus par leurs supérieurs pour avoir refusé d’obéir aux ordres et de tirer sur la foule.

 

Le précédent Hama, en 1982

 

Une chose est sûre : c’est la première fois en onze semaines de répression que le pouvoir syrien met en avant des affrontements armés. L’objectif semble être de masquer la terrible répression menée par ses snipers positionnés sur les toits, qui tirent à vue sur des manifestants désarmés.

 

Le scénario qui se joue fait resurgir le spectre de 1982 : 20.000 morts, des cadavres coulés sous une chape de béton, une ville rayée de la carte. Le chef d’Etat s’appelait Hafez el-Assad, le père de Bachar. C’était à Hama… à quelques kilomètres seulement de Djisr el Chogour.