Syrie : le djihad, c'est aussi "éplucher des pommes de terre"

Un projet de résolution pour exiger des accès humanitaires aux populations civiles dans les villes syriennes assiégées va être déposé au Conseil de sécurité des Nations unies.
Un projet de résolution pour exiger des accès humanitaires aux populations civiles dans les villes syriennes assiégées va être déposé au Conseil de sécurité des Nations unies. © Reuters
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Gwendoline Debono et Charles Carrasco
TEMOIGNAGE - Olivier est un djihadiste belge qui a choisi de ne pas combattre mais de travailler à l'intendance.  

L'INFO. Au sein de "l'internationale djihadiste", il y a des profils extrêmement différents. Europe 1 a recueilli le témoignage inédit d'un djihadiste français parti en Syrie. Le jeune homme, âgé de 30 ans, se fait appeler Abou Shaheed et combat au nord d'Alep au sein de l'Etat islamique de l'Irak et du levant, le groupe le plus radical en Syrie. D'autres considèrent que faire son djihad n'est pas seulement combattre. C'est le cas d'Olivier, un djihadiste belge de 38 ans qu'Europe 1 a pu rencontrer en se rendant à la frontière syrienne.

Faire de l'intendance. "Hamza" appartient à un groupe beaucoup plus modéré que celui d'Abu Shaheed. Ensuite, il ne combat pas et l'assume. Il dit, avec ambiguïté, qu'il est là pour aider les Syriens mais il considère qu'il effectue quand même le djihad en faisant l'intendance.

"Même le cuisinier qui va éplucher les pommes de terre, il fait son djihad. Les Syriens font leur djihad. Ils n'ont pas besoin de combattants. Nous, on préfère que tu balaies, que tu nettoies les vêtements que de venir au front. A partir du moment où je vois que je n'ai plus de compétences à partager avec la population syrienne et bien, je rentre chez moi", assure-t-il sur Europe 1.

"En Syrie, il y a de tout"par Europe1fr

Déjà deux séjours en Syrie. Son père est belge et sa mère est congolaise. Lorsqu'il s'est converti à l'islam en 1993, il a choisi le prénom de "Hamza". Il a déjà effectué deux séjours en Syrie. Revenu en Belgique en décembre dernier avec un leader religieux français qu'il appelle "cheikh", il en est devenu le garde du corps.

"Quotidiennement, je fais la protection du 'cheikh'. Je l'aide aussi dans l'organisation sociale. Ca va de l'attribution du pain, à l'électricité, jusqu'à prendre un voleur ou un violeur. Moi je ne suis pas ici pour imposer quoi que ce soit à la population syrienne. Je suis uniquement venu aider", affirme-t-il au micro d'Europe 1.

 

Un "kit de voyage". "Hamza" demande donc plutôt aux étrangers de venir donner de l'aide humanitaire à la frontière. C'est à l'appel d'un Français qu'il s'est rendu pour la première fois en Syrie.

A l'inverse, pour Abou Shaheed, c'est très clair, il demande ouvertement à tous de rejoindre la Syrie pour combattre. Aux jeunes qui sont intéressés, il donne avec plaisir le kit de voyage pour aller faire le djihad et les personnes à contacter sur place. Au sein du groupe d'Abou Shaheed, il y en a même qui postent des photos de spacieuses villas, avec piscine parfois, comme un catalogue de vacances pour attirer les candidats et les rassurer sur leurs futures conditions d'hébergement.

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