Syrie : la terreur paralyse la santé

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François Clauss, envoyé spécial en Syrie, avec Charles Carrasco , modifié à
REPORTAGE - La répression empêche les médecins de prodiguer les soins nécessaires aux blessés.

Alep, la capitale économique de la Syrie, ne connaît pas de répit. Cela fait maintenant 13 jours qu'elle est le théâtre de violents affrontements entre les soldats de Bachar al-Assad et les rebelles, qui résistent aux bombardements et font usage de leurs chars pour répliquer.

Dans chaque camp, les victimes se comptent par dizaines. 121 personnes sont mortes dans tout le pays jeudi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). A Alep, comme partout en Syrie, il y a de très nombreux blessés qui ne sont pas certains de recevoir les soins nécessaires, comme a pu le constater François Clauss, l'envoyé spécial d'Europe 1.

"Ils ont tiré"

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Sur une petite route au nord d'Alep contrôlée par la rébellion, un groupe de combattants stoppe notre véhicule. Sur leur pickup, garé sur le bas côté, deux hommes sont allongés, ensanglantés.

"Notre groupe de combattants contrôlait un check point. Deux véhicules de la police du régime sont arrivés. Ils ont tiré", raconte un rebelle au micro d'Europe 1. L'un a reçu une balle dans le dos, l'autre dans le pied. Un des combattants maintient une perfusion de fortune. Le second tente de réconforter ses camarades qui implorent de l'aide entre deux râles de souffrance.

A Alep, les hôpitaux sont saturés

Quelques minutes plus tard, une camionnette arrive. Les blessés sont transférés dans l'espoir qu'ils seront vivants et que l'hôpital de la ville suivante Al-Bab pourra les accueillir. A Alep, les hôpitaux sont tous saturés.

"On ne peut plus faire d'opérations car il n'y a plus de médecins à l'hôpital. On peut juste transférer les blessés en Turquie ou vers d'autres hôpitaux syriens", déplore ce médecin d'Al-Shifa, un des grands hôpitaux d'Alep.

Ils s'en prennent aux familles des médecins

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Au-delà de l'afflux des blessés victimes des combats, c'est le climat de terreur qui paralyse tout le système de soins à Alep. "Dans les hôpitaux contrôlés par les rebelles, les tueurs de Bachar s'en prennent aux familles des médecins qui soignent les révolutionnaires. Et dans les hôpitaux du régime, les médecins reçoivent des menaces des combattants de la révolution", assure un médecin syrien.

Vers 23 heures, jeudi, devant l'hôpital Al-Shifa, contrôlé par un groupe de rebelles en armes, au moment où arrivent deux blessés, l'un a la jambe criblée d'éclats d'obus. L'un des docteurs de l'hôpital lance un SOS : que tous les médecins d'Alep surmontent le climat de terreur et renouent avec l'humanisme bafoué par 13 jours d'une guerre sans merci dans la plus peuplée des villes syriennes.