Syrie : la "provocation" d'Assad

Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret autorisant le multipartisme.
Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret autorisant le multipartisme. © Reuters
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avec AFP , modifié à
Il a promulgué un décret autorisant le multipartisme. Pour la France, c'est largement insuffisant.

Alors que l’ONU a condamné la répression sanglante de la contestation par le régime syrien mercredi, Bachar al-Assad veut donner une preuve de sa "bonne volonté". Le président syrien a décidé jeudi de promulguer lui-même un décret autorisant le multipartisme, l’une des principales revendications des opposants qui manifestent depuis mi-mars.

Le décret fixe les conditions de création et de fonctionnement de formations politiques susceptibles d'exister à côté du parti Baas. Le parti de Bachar al-Assad tient les rênes du pouvoir depuis 1963 et a le statut de "dirigeant de l'Etat et de la société" selon la Constitution.

Les partis "devront respecter les droits de l'Homme"

La procédure d’autorisation du multipartisme était déjà lancée depuis le 24 juillet, lorsque le gouvernement avait autorisé un projet de loi l’autorisant. Mais le décret promulgué jeudi rend la mesure applicable tout de suite, sans attendre un vote au Parlement.

Selon la nouvelle réglementation que détaille l’agence officielle Sanaa, les nouveaux partis devront respecter la déclaration universelle des droits de l'Homme, ne pas reposer sur des bases religieuses ou tribales et ne pas être issus d'une organisation ou d'un parti non syrien. De même, ils ne devront comporter aucune formation militaire ou paramilitaire, publique ou secrète et leurs principes, objectifs et sources de financement devront être clairement établis.

Juppé pas dupe

Pour le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, ce qui pourrait être un pas en avant est "presqu'une provocation", dans le contexte de violence contre les civils. Il n'a par ailleurs pas exclu, jeudi sur France Info, que la France demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'aller "plus loin" que la simple déclaration adoptée mercredi et condamnant la répression des manifestations, "si rien ne change côté syrien".

Depuis le début de la contestation le 15 mars, plus de 1.600 civils ont été tués, selon l'OSDH. Près de 3.000 personnes sont portées disparues et quelque 12.000 ont été emprisonnées en quatre mois et demi de révolte, d'après les ONG.