Syrie : l'ONU dénonce un "massacre"

Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Alep.
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à Alep. © Reuters
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avec agences , modifié à
92 personnes, dont 32 enfants de moins de dix ans, ont été tués dans la ville de Houla.  

Un "massacre" de plus en Syrie : les forces de Bachar al Assad ont commis vendredi l'attaque la plus meurtrière en Syrie depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu en tuant, selon les Nations unies, plus de 92 personnes, dont 32 enfants de moins de dix ans, dans la ville de Houla. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne, parle même de 110 morts.

Des actes de violence "déplorables"

Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a, dans un communiqué, exigé du "gouvernement syrien qu'il cesse immédiatement de recourir à des armes lourdes dans les zones d'habitation". "Ce matin, des observateurs militaires et civils des Nations unies se sont rendus à Houla et ont compté plus de 32 enfants de moins de dix ans et plus de 60 adultes tués", a déclaré le chef de la mission de l'Onu supervisant la trêve, le Norvégien Robert Mood.

"Les observateurs ont confirmé que des obus de chars avaient été tirés", a dit ce général. "Ceux qui ont déclenché ces actes de violence déplorables, ceux qui ont riposté et ont commis cela devront rendre des comptes", a-t-il ajouté.   

Des images de corps ensanglantés d'enfants

Sur des images diffusées sur YouTube et présentées comme celles des victimes de ce bombardement, on peut voir les corps ensanglantés d'enfants aux crânes défoncés par des éclats d'obus allongés dans une pièce retentissant de pleurs.   
      
Ces violences sont les plus meurtrières depuis l'entrée en vigueur le 12 avril d'un cessez-le-feu proposé par Kofi Annan, émissaire spécial de la Ligue arabe et des Nations unies. Cette cessation des hostilités vise à mettre fin au bain de sang en Syrie, où Bachar al Assad est confronté depuis mars 2011 à un mouvement de contestation prenant de plus en plus des allures de guerre civile.   

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), installé en Grande-Bretagne, rapporte que des habitants de Houla fuient cet ensemble de localités du centre de la Syrie par crainte de nouveaux bombardements. La télévision d'Etat a diffusé des images semblables à celles rendues publiques par les opposants mais en qualifiant les cadavres ensanglantés de victimes d'un massacre commis par des bandes "terroristes", sans plus de précisions.   

Londres veut saisir le conseil de sécurité

A Londres, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a fait savoir qu'il coordonnait une "riposte ferme" au massacre et qu'il allait demander au Conseil de sécurité de se réunir dans les jours à venir à ce sujet. 

Nabil Elarabi, secrétaire général de la Ligue arabe, a qualifié les violences à Houla de "crime horrible" et a lui aussi invité le Conseil de sécurité à "mettre fin à l'escalade des meurtres et des violences par les bandes armées et les forces militaires gouvernementales".  Dans le cadre du plan de paix de Kofi Annan, l'Onu a quasiment achevé le déploiement de 300 observateurs non armés chargés de surveiller le respect du cessez-le-feu.  

Paris dénonce un "régime assassin"

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, la France a dénoncé samedi le "régime assassin" de Bachar al Assad.  L'OSDH a par ailleurs fait état de vastes manifestations à Alep, deuxième ville de Syrie dans le nord du pays. La Syrie a aussi été le théâtre récemment d'une vague d'attentats à la bombe.  

Paralysée par l'antagonisme entre la Russie, d'une part, et les Etats-Unis et leurs alliés européens et arabes, d'autre part, l'Onu a jugé que ces attentats étaient probablement l'oeuvre de "groupes terroristes établis".

Plus de 12.000 personnes auraient désormais péri en Syrie depuis le début de la révolte anti-régime. En majorité, des civils tués par les forces gouvernementales.