Syrie : l'impasse pour les journalistes

Le 24 février, les ambulances du Croissant rouge syrien ont pu évacuer des blessés de Baba Amr, à Homs
Le 24 février, les ambulances du Croissant rouge syrien ont pu évacuer des blessés de Baba Amr, à Homs © Maxppp
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avec agences , modifié à
Une fois encore, les négociations en vue de rapatrier les journalistes bloqués ont échoué.

C'est un nouvel échec. Lundi soir, le président du Croissant Rouge arabe syrien (CRAS), Abdel Rahmane Attar, a indiqué que les négociations visant à évacuer les journalistes étrangers retenus prisonniers à Homs n'avaient pas abouti.

"Notre équipe, composée d'une vingtaine de volontaires extrêmement courageux avec quatre ambulances et un corbillard, est entrée à Baba Amr et est restée à l'intérieur durant près de trois heures pendant que les représentants du Comité international de la Croix-rouge (CICR) attendaient à l'extérieur", a-t-il expliqué. "Puis un intermédiaire de Baba Amr est venu nous dire que la journaliste du Figaro Edith Bouvier refusait de sortir si les conditions qu'elle posait n'étaient pas satisfaites", a-t-il poursuivi.

"Nous ne connaissons pas ses conditions et nous ne savons pas si elle a vraiment refusé car nous n'avons pas pu avoir de contacts directs avec elle", a-t-il ajouté. "Notre équipe a proposé de prendre les dépouilles des deux journalistes tués mercredi mais l'intermédiaire a indiqué qu'elles se trouvaient ailleurs. Nous avons évacué une vielle femme ainsi qu'une femme enceinte et son mari, tous syriens. Les négociations doivent reprendre demain", a-t-il encore dit.

"L'amorce d'une solution", promet Sarkozy

Lundi matin, Nicolas Sarkozy avait laissé entendre sur RTL, que les deux journalistes blessés, la Française Edith Bouvier et le photographe indépendant britannique Paul Conroy, pourraient être rapatriés prochainement.

"Ce week-end, on n'avait aucune solution. La situation à Homs est extrêmement complexe, cette nuit nous avons l'amorce d'une solution", avait déclaré le président de la République. Mais "tant qu'ils ne seront pas à l'abri, je ne peux pas vous garantir cela, c'est extrêmement tendu", avait-il ajouté.

Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs pris de nombreuses précautions verbales, montrant que le plus dur reste encore à faire. "J'espère qu'on s'approche d'une solution", "les choses sont en train, me semble-t-il, de se débloquer", avait poursuivi le chef de l'Etat. "Je ne peux pas en dire beaucoup plus", avait-il toutefois précisé, soulignant ne pas avoir une "grande confiance dans le régime syrien".

"Il faut que ces journalistes soient soignés, il faut qu'ils sortent" de Homs car il s'agit d'un "risque humanitaire de premier plan", a-t-il conclu.

La Pologne aux avant-postes

Et, de fait, il y a urgence. Le quartier rebelle de Baba Amr à Homs est toujours encerclé et pilonné par les forces de sécurité syriennes. En coulisses, loin de la scène diplomatique, les négociations se poursuivent. Menées tambours battants tout le week-end par le Comité international de la Croix-Rouge avec les autorités et les opposants syriens, elles ont une nouvelle fois échoué dimanche.

"Les négociations et les préparatifs sont en cours mais c'est extrêmement délicat et le processus peut se bloquer à tout moment", a souligné un diplomate occidental en poste à Damas.

La Pologne semble également prendre une part active dans ces difficiles tractations. Représentant les intérêts des Etats-Unis en Syrie, elle négocie actuellement l'évacuation de la dépouille de la journaliste américaine Marie Colvin. Grand reporter du Sunday Times, Marie Colvin a été tuée avec le photographe français Rémi Ochlik, mercredi lors du bombardement du centre de presse de Homs.