Agnès Levallois
  • Copié
Alors qu'un cessez-le-feu est supposé être appliqué depuis vendredi minuit, plusieurs bombardements ont eu lieu. Difficile de savoir de qui émanent ces entorses à la trêve. 

Selon la France, des zones tenues en Syrie par l'opposition modérée ont été attaquées, alors qu'un cessez-le-feu est supposé être en vigueur depuis vendredi minuit. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a donc appelé lundi à la tenue sans délai d'une réunion de la "task force" chargée d'observer le respect du cessez-le-feu en Syrie. Ces entorses sont toutefois, pour Agnès Levallois, spécialiste de la Syrie et du Moyen Orient invité d'Europe Midi lundi, mineures. "L’aspect le plus important est que ce cessez-le-feu fonctionne malgré les entorses et les bombardements", a-t-elle souligné.

A qui la faute ? "Globalement, la population syrienne a eu 48 heures de calme et rien que ça, c’est quelque chose d’important pour une population épuisée après cinq ans de combats", a insisté Agnès Levallois. Maintenant, l'urgence est donc, selon elle, "de savoir de qui viennent ces bombardements". Et sur ce point, la professeur à Sciences Po est formelle, "on sait qu’ils ne peuvent venir que du gouvernement syrien soutenu par les Russes, car l’opposition n’a pas en sa possession le matériel nécessaire à ces bombardements". 

"Bachar-al-Assad pourra se justifier". Il est tout de même difficile de savoir qui est le principal responsable de ces bombardements, car comme l'a expliqué Agnès Levallois, "le cessez-le-feu concerne l’opposition et Bachar al-Assad, mais pas l’Etat Islamique ni Jabhat al-Nosra, la banche syrienne d’Al-Qaïda. Donc le gouvernement de Bachar al-Assad peut tout à fait justifier ces bombardements en disant qu’il ne bombarde pas l’opposition modérée. Et toute ambiguïté est là. Comment fait-on la distinction entre l’opposition qui accepte de négocier et l’opposition constituée par l’Etat Islamique et Jabhat al-Nosra ?".

Un casse-tête. Un véritable casse-tête attend donc les négociateurs attendus dès lundi prochain à Genève pour tenter de trouver une solution de paix en Syrie. D'autant que, "dans certaines régions, et particulièrement dans la région du Sud d’Alep, il y a des accords ponctuels entre différents groupes qui veulent faire tomber Bachar al-Assad. Ces groupes peuvent être acceptés par la communauté internationale, mais ce n’est pas le cas de tous. Il est donc très difficile, à cause de ces ententes ponctuelles, de faire respecter un cessez-le-feu", a affirmé la consultante.