Syrie : des preuves d'une attaque au chlore

Une femme prise en charge dans un hôpital après une possible attaque au chlore
Une femme prise en charge dans un hôpital après une possible attaque au chlore © Reuters
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avec AFP , modifié à
RIEN N'A CHANGÉ - Human Rights Watch affirme qu'il existe des preuves d'une nouvelle attaque chimique, en avril. Le ministre des Affaires étrangères parle de 14 attaques depuis la fin 2013.

L'INFO. Après les Etats-Unis et la France, c'est au tour de l'organisation Human Rights Watch (HRW) d'affirmer mardi qu'il existe des preuves solides sur des attaques au chlore en Syrie. L'ONG, qui tire des conclusions similaires à celles de Washington et Paris, affirme mardi que ces nouvelles attaques chimiques auraient été menées par le régime syrien dans trois villes à la mi-avril.

Parallèlement à ce rapport, Laurent Fabius a déclaré à Washington avoir "des éléments, au moins 14 élements, qui montrent que dans les semaines récentes, des armes chimiques en petite quantité ont été utilisées, notamment du chlore".

Des entretiens et des images accablantes. "Les preuves suggèrent fortement que les hélicoptères du gouvernement syrien ont largué des barils contenant des cylindres de chlore sur trois villes du nord de la Syrie à la mi-avril", indique HRW. Le site internet Syria Direct, géré par des journalistes américains et syriens, basés à Amman en Jordanie, diffuse une vidéo (difficilement soutenable) montrant un hôpital avec des victimes présummées d'une attaque au chlore. Il est cependant impossible de confirmer sans aucun doute l'origine de ces images.

L'organisation, basée à New York, a fait état d'entretiens avec des témoins et du personnel médical, d'images filmées d'attaques et de photographies de restes des barils. Les médecins qui ont traité les victimes ont indiqué qu'au moins 11 personnes ont été tuées dans les attaques et que près de 500 personnes présentaient des "symptômes correspondant à une exposition au chlore".

Syrie chlore enfant

© Reuters

Le régime et les rebelles se rejettent la responsabilité. En Syrie, l'opposition et le régime s'accusent mutuellement de ces attaques. Mais selon les militants de l'opposition, le chlore a été largué dans des barils depuis des hélicoptères, dont seul le régime dispose.

Les attaques ont été menées à Kafr Zita dans la province de Hama les 11 et 18 avril, à al-Temana, dans la province d'Idlib, les 13 et 18 avril et à Telmans, également à Idleb, le 21 avril, selon la même source. Ces trois villes sont contrôlées par les rebelles. Selon HRW, une vidéo montre des contenants avec le code CL2 - le symbole du chlore - sur les sites des attaques.

Jamais totalement vérifiable. L'organisation a toutefois précisé qu'elle ne pouvait "confirmer de manière indépendante" que les cylindres de chlore apparaissant sur la vidéo étaient contenus dans les barils largués par les hélicoptères. Mais elle a ajouté qu'il était peu probable qu'il s'agisse d'une mise en scène, faisant état de témoignages de médecins et de témoins sur des symptômes correspondant à une "exposition au chlore".

Appel à l'ONU. "L'usage apparent de chlore en tant qu'arme - sans parler du fait de viser des civils - est une violation flagrante de la loi internationale", a indiqué Nadim Houry, le directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord. "C'est une raison de plus pour le Conseil de sécurité de l'ONU de saisir la Cour pénale internationale sur la situation en Syrie", a-t-il ajouté.

L'accord sur le démantèlement en arrière-plan. La Syrie a officiellement intégré la Convention sur l'interdiction des armes chimiques en octobre, après un accord avec les Russes et les Américains. Damas devait totalement démanteler son arsenal chimique, après des accusations contre le régime d'avoir utilisé du gaz sarin lors d'une attaque meurtrière près de Damas.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a annoncé fin avril qu'elle allait mener une enquête sur les allégations d'attaques au chlore.