Suède : deux mendiants roms exposés comme œuvres d’art

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avec AFP
Un couple de mendiants roms a été embauché pour poser comme œuvre d’art, dans un musée de Malmö.

Deux mendiants roms ont décroché un emploi qu'ils n'auraient jamais imaginé : poser deux heures par jour comme œuvres d'art. Cette initiative surprenante a eu lieu dans un musée municipal d’art contemporain de Malmö, en Suède. Le but, selon les organisateurs, est de provoquer un questionnement sur l'attitude face aux mendiants. Pourtant, cette exposition a surtout créé la polémique, sur fond de débat sur la dignité humaine.

Dans des coins opposés d’une salle quasi vide. Pour voir l'œuvre, il faut traverser un couloir sombre où des écrans disent : "aujourd'hui vous n'êtes pas obligé de donner". Les deux Roumains sont assis en silence dans des coins opposés d'une salle quasi vide tapissée de quelques coupures de journaux sur les problèmes sociaux, à la lumière tamisée, sur fond de musique douce.

Des revenus quadruplés. Le couple de Roumains, un charpentier de 28 ans et une jeune femme de 26 ans, a été approché alors qu'il mendiait dans Malmö. Dans les rues, ils gagnent entre 3,25 et 6,50 euros par jour. Pour poser deux heures par jour au musée, ils gagnent désormais quatre fois plus. Avec ces revenus, le couple espère reconstruire sa maison, qui a été incendiée il y a deux ans. 

Un message contre les "injustices". Cette œuvre d’art s’inscrit dans un contexte politique tendu en Suède. En effet, l'arrivée de Roms et de nombreux immigrants dans le pays scandinave s'est accompagnée d'une percée des Démocrates de Suède (SD), un parti anti-immigration. "En tant qu'artiste, je peux offrir un espace où les gens peuvent rechercher pourquoi ils tolèrent autant ces injustices qui enfreignent en fait leur propre morale", explique Anders Carlsson, directeur artistique de l'Institutet, groupe qui a piloté l'exposition. Mais l'œuvre a fait polémique.

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Nombreuses critiques. Le président de l'association qui représente les 10.000 Roms suédois de Malmö estime qu’il vaut mieux médiatiser l'action d'organisations "sérieuses, bien implantées qui travaillent sur ces questions au quotidien". Une journaliste et polémiste de gauche, Kajsa Ekis Ekman, a affirmé que la véritable subversion aurait été d'amener des riches à poser. "Si des gens avaient vu leur patron assis à demander l'argent, ils auraient vraiment dû réfléchir", a-t-elle écrit dans le quotidien ETC.