Sida : des patients greffés en apparence guéris

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Sophie Amsili et Anne Le Gall , modifié à
Si on ne peut pas encore parler de guérison complète, ces cas soulèvent un espoir pour les chercheurs.

C'est une nouvelle encourageante dans la lutte contre le Sida. Deux Américains séropositifs sont redevenus séronégatifs après avoir subi une greffe de moelle osseuse, ont rapporté des médecins lors du Congrès international sur le Sida qui s'est tenu en Malaisie jusqu'à mercredi.

La greffe, réalisée il y a plusieurs années, était initialement destinée à soigner un cancer du sang chez ces deux hommes originaires de Boston et séropositifs depuis une trentaine d'années. Ces derniers ont ensuite poursuivi leur traitement antiviral jusqu'à il y a respectivement 7 et 15 semaines. Depuis, conséquence inattendue, les patients ne présentent plus de traces du VIH. Une petite quantité de VIH reste toutefois vraisemblablement tapie quelque part dans leur corps.

Pas encore assez de recul. "On ne peut pas encore parler de traitement curatif", précise Timothy Henrich du Brigham and Women's Hospital à Boston qui participe à l'étude sur les greffes de moelle osseuse. "Mais ce que je peux dire, c'est que si ces patients peuvent vivre sans virus détectable pendant au moins un an, voire un an et demi après l'arrêt du traitement, les risques d'un retour du virus sont minimes", a poursuivi Timothy Henrich.

Une seule guérison à ce jour. Ces deux cas font écho à celui de l'Américain Timothy Brown, dit "le patient de Berlin", seule guérison complète officielle reconnue à ce jour. Traité pour une leucémie par une équipe allemande, il avait été déclaré guéri après une greffe de moelle osseuse d'un donneur présentant une mutation génétique rare empêchant le VIH de pénétrer dans les cellules. Aucun des deux patients greffés à Boston n'a récupéré cette mutation, mais ils ont tous deux été maintenus sous traitement antirétroviral jusqu'à ce que les cellules transplantées soient bien implantées dans leur organisme, relève Timothy Henrich.

Un espoir, pas un remède miracle. Mais même en constatant une guérison complète, ces cas ne préfigurent pas un remède miracle pour les quelque 34 millions de personnes séropositives dans le monde. On ne peut pas, en effet, généraliser ce type de greffe pour guérir du sida. L'opération est risquée et nécessite de trouver des donneurs compatibles. En revanche, un espoir se confirme pour les chercheurs : en introduisant de la moelle osseuse saine chez un patient contaminé, il semble bien que l'on s'attaque a l'un des "réservoirs viraux" dans lequel subsiste le VIH.