Serge Lazarevic : pris en otage, "on ne sait plus rien"

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Le dernier otage français, libéré mardi, est revenu sur les circonstances de sa libération, ses conditions de détention et son bonheur d’être à nouveau libre.

"Je suis content de retrouver la France". Pour la première fois depuis sa libération, l’ancien otage Serge Lazarevic est revenu sur ses conditions de détention, les rumeurs de rançon et son bonheur de retrouver la liberté et les siens. Le dernier otage français a été libéré mardi après plus de trois ans de captivité dans les mains des terroristes d’Al-Qaaïda au Maghreb islamique. Accompagné de sa fille, qui n’a eu de cesse de lutter pour sa libération, il a répondu aux questions de Laurent Delahousse, sur France 2.

"J'aime tout : les embouteillages, la lumière, la pluie, etc." C’est d’abord un immense soulagement qui se lit sur le visage de Serge Lazarevic. L’ancien et dernier otage français dans le monde a d’abord confié sa joie de retrouver la liberté et s’est dit également très surpris par l’accueil très chaleureux que manifestent les Français à son égard.

"Je suis content de retrouver la France. Il y a des gens dans la rue qui viennent vers moi, qui m'embrassent, c'est incroyable", s’enthousiasme Serge Lazarevic, qui confie profiter de chaque instant depuis sa libération. "Depuis que je suis arrivé, j'aime voir des gens, je ne dors pas pour profiter. J'aime tout : les embouteillages, la lumière, la pluie, etc. J'aime tout", insiste-il avec ce sourire aux lèvres qui le caractérise.

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"Je n'ai jamais été une barbouze". Et qu’il a perdu le jour de sa prise d’otage, le 24 novembre 2011 au Mali, alors qu’il était accompagné de Philippe Verdon, retrouvé tué d’une balle dans la tête, en juillet 2013. "Je n'étais plus un être humain, je ne savais pas où j'étais, qui j'étais. On ne sait plus rien, il n'y a plus de temps, il n'y a plus de repère. On nous prive de tout", raconte-t-il.

Ecoutez l'intégralité de son interview sur France 2 :

Enlevé alors qu’il prospectait dans le nord du Mali, en vue d’y construire une cimenterie, Serge Lazarevic dément avoir été en contact avec des mercenaires. "Je suis un ouvrier du bâtiment, j’ai travaillé dans la sécurité, j'ai travaillé comme maître d'ouvrage. Je n'ai jamais été une barbouze ou un mercenaire. Je ne sais même pas ce que c'est. Je devais mettre en place une cimenterie", rappelle-t-il.

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"Les mains et les jambes enchaînées pendant 100 jours". S’il ne s’épanche pas sur ses conditions de détention, on les devine toutefois particulièrement difficile. "J'ai eu les mains et les jambes enchaînées pendant 100 jours. Je dormais comme ça : les mains dans le dos", rapporte l’ancien otage. Quant à ses rapports avec les geôliers, ils semblaient le plus succinct possible. "J'avais très peu de rapports avec les geôliers. Un ‘bonjour’ seulement, le temps de se voir le matin, d'échanger un peu d'eau, du pain. Et voilà", rapporte-t-il.

Alors pour faire passer le temps, l’ancien otage faisait du sport, beaucoup de sport. "J'ai fait attention à mon corps. J'ai regroupé tout le savoir que j'avais pour tenir. J'ai repris tout mon savoir acquis depuis ma naissance pour pouvoir survivre au jour le jour", raconte Serge Lazarevic.

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"Je n'avais aucune communication". Concernant ses rapports avec le monde extérieur, Serge Lazarevic confie qu’ils étaient réduits à néant. "Je n'avais aucune communication. J'étais coupé de tout. Le jour où j'ai été enlevé, le temps s'est arrêté. Aucune nouvelle, aucune information, rien. J'ai reçu trois lettres de ma fille et c'est tout. Mais rien qui m'indiquait qu'elle se mobilisait. Je ne savais pas que la France se mobilisait pour moi. J'ai été très touché. Et ma vie a repris le jour de ma libération", confie-t-il.

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Des hommes qui attendaient une rançon. Serge Lazarevic estime par ailleurs que la France a acheté sa libération, mais officiellement la France se refuse à livrer la moindre rançon pour libérer ses otages. "Je pense que c'est des hommes qui attendaient une rançon. Je pense qu'il y a eu de l'argent. Les gens qui prennent en otage, c'est pour le financier. J'essaie de ne plus penser à ça parce que ça me tire vers le bas", raconte-t-il.