Séparer filles et garçons à l'école est discriminatoire selon la justice britannique

© PATRICK HERTZOG / AFP
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La justice britannique considère que la séparation s'apparente à de la discrimination et porte préjudice aux garçons comme aux filles.

La justice britannique a tranché vendredi dernier. Oui, séparer les filles et les garçons au sein d'une même école est discriminatoire. L'affaire opposait les services d'inspection académiques, l'Ofsted, à l'école islamique mixte Al-Hijrah, de Birmingham. En juin 2016, un rapport de l'Ofsted qualifiait d' "inadéquate" la politique de l'école, se basant notamment sur le fait que les filles et les garçons étaient séparés, dès l'âge de 9 ans, pour les cours, le déjeuner, la récréation et les activités péri-scolaires. Et ce deux ans après un premier rapport de l'organisme dans certaines écoles de Birmingham.

Un premier jugement favorable à la séparation. L'école, qui bénéficie de financements publics et accueille 780 élèves de 9 à 16 ans, avait poursuivi en justice l'Ofsted, arguant que les enfants étaient "séparés mais traités de la même façon". La Haute Cour de Londres lui avait donné raison l'an dernier. Mais vendredi, les trois juges de la Cour d'appel ont été à l'encontre de cette décision, estimant que cette politique de ségrégation s'apparentait à de la discrimination et contrevenait à la loi. La Cour d'appel a ajouté que cela portait préjudice aux garçons comme aux filles. "Je suis enchantée d'avoir gagné cet appel", a déclaré Amanda Spielman, inspectrice en chef des écoles, présente à l'audience. "Le travail de l'Ofsted est de s'assurer que toutes les écoles préparent les enfants à vivre dans le Royaume-uni d'aujourd'hui. Aucun établissement ne devrait traiter des élèves moins favorablement en raison de leur sexe ou de toute autre raison", a poursuivi Mme Spielman. 

Des livres polémiques dans la bibliothèque de l'école. "Nous avions de bonnes raisons d'être préoccupés par le cas de cette école", a-t-elle ajouté à l'issue de l'audience, expliquant que les inspecteurs académiques avaient été "très choqués" en découvrant dans des livres de la bibliothèque des passages affirmant que "l'homme peut punir sa femme en la battant sans lui causer de marques" ou que "la femme n'a pas le droit de refuser d'avoir des relations sexuelles".

Plusieurs écoles sont concernées. La décision de vendredi pourrait amener une vingtaine d'écoles à revoir leur fonctionnement et pas uniquement des établissements de confession musulmane, a indiqué Amanda Spielman. Le jugement cite le cas d'écoles juives orthodoxes qui séparent aussi filles et garçons. En revanche, les écoles de filles ou de garçons, très répandues au Royaume-Uni, ne sont pas visées par cette décision. "Nous devons être justes avec les écoles et nous leur laisserons une chance de se mettre en règle mais de la même façon nous ne voulons pas retarder la possibilité de donner à chaque enfant la chance qu'il devrait avoir dans l'éducation", a dit Mme Spielman.