Sahel : la France "est au bout de ce qu’elle peut faire"

Antoine Glaser est journaliste et écrivain. 1:32
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M.S. avec AFP , modifié à
Le journaliste Antoine Glaser a évoqué la situation du Sahel, alors que Manuel Valls s'apprête à se rendre au Mali et au Burkina Faso.
INTERVIEW

L’opération française Barkhane, engagée contre les groupes armés islamistes au Sahel, "est au bout de ce qu’elle peut faire", selon Antoine Glaser. Le journaliste et spécialiste de l’Afrique a fait le point sur la situation dans le Sahel, jeudi dans la Matinale d’Europe 1. Le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian se rendent jeudi au Mali et samedi au Burkina Faso. Selon son entourage, le chef du gouvernement doit "assurer de la permanence du soutien de la France" au Burkina Faso et au Mali, touchés par des attentats dans les capitales des deux pays, faisant 30 morts le 15 janvier à Ouagadougou, et 20 morts à Bamako le 20 novembre 2015.

Barkhane, une opération "d'une autre ampleur". En janvier 2013, François Hollande lançait l’opération Serval, destinée à chasser les djihadistes du nord du Mali. Elle s’est achevée mi-juillet 2014. Cette opération "importante", qui a mobilisé 4.000 militaires, a été "un succès" pour Antoine Glaser. Mais il est loin d’être aussi catégorique sur l’opération Barkhane, qui lui a succédé. "Tout le monde se félicitait de l’opération Serval", avance l’auteur de Africafrance : Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu. "Rappelez-vous François Hollande qui était allé à Bamako, Tombouctou... Il disait 'C’est le plus beau jour de ma vie'. Sauf que c’est évident que maintenant, l’opération Barkhane est d’une toute autre ampleur. Vous avez 3.000 soldats français sur trois millions de kilomètres carrés et sur cinq pays (la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, ndlr)."

Pour Antoine Glaser, la France est seule sur ce terrain, où elle soutient les 10.000 soldats de l’ONU, "souvent sous-équipés". Angela Merkel a annoncé en novembre l’envoi de 650 soldats allemands au Mali, un effort "dérisoire".

"Faire fuir les occidentaux". L’opération Serval a servi à chasser les groupes armés vers le sud et à les désorganiser, mais elle ne les a pas chassés du Sahel. "A terme, ce que cherchent les djihadistes, c’est à faire fuir l’ensemble des investisseurs, les humanitaires… Ils veulent faire fuir tous les occidentaux de la région", résume le journaliste. Les djihadistes et les contrebandiers mènent "d’abord une guerre économique et sociale".