Rwanda : des juges vont enquêter sur BNP Paribas, accusée de "complicité de génocide"

La banque BNP Paribas est concernée par une information judiciaire pour "complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité"
La banque BNP Paribas est concernée par une information judiciaire pour "complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité" © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
La banque française est accusée par des ONG qui se sont constituées parties civiles d'avoir permis l'achat d'armes au profit d'une milice hutu au moment du génocide des Tutsis au Rwanda. 

Des juges ont été désignés pour enquêter sur la plainte d'ONG qui accusent la banque française BNP Paribas d'avoir financé un achat d'armes au profit de la milice hutu pendant le génocide de 1994 au Rwanda.

Une première plainte contre une banque française. L'information judiciaire a été ouverte le 22 août pour "complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité" et confiée à des magistrats du pôle génocides et crimes de guerre du tribunal de grande instance de Paris, où sont déjà instruits environ 25 dossiers liés au génocide rwandais, a confirmé le parquet de Paris. 

Un transfert d'argent qui aurait permis l'achat d'armes. L'association anti-corruption Sherpa, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) et l'organisation non-gouvernementale Ibuka France (Mémoire et Justice) accusent le groupe bancaire d'avoir permis en juin 1994 le "financement de l'achat de 80 tonnes d'armes" au profit des miliciens hutu, en plein génocide des Tutsis et en violation d'un embargo décrété par les Nations unies. 

Quatre-vingts tonnes d'armes. Les associations affirment que la BNP a autorisé, les 14 et 16 juin 1994, des transferts de fonds pour plus de 1,3 million de dollars (1,1 million d'euros au cours de l'époque) du compte que la Banque nationale du Rwanda (BNR) détenait chez elle vers le compte en Suisse de Willem Tertius Ehlers, propriétaire sud-africain d'une société en courtage d'armes.

Le lendemain, Willem Tertius Ehlers et le colonel Théoneste Bagosora, un militaire hutu considéré comme le théoricien du génocide des Tutsis, et depuis condamné par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), auraient conclu aux Seychelles une vente de 80 tonnes d'armes, qui auraient ensuite été acheminées à Gisenyi au Rwanda, via l'aéroport zaïrois de Goma, d'après les ONG.