Russie : le calvaire des Pussy Riot

Elles sont maintenues pendant plusieurs heures dans de petits espaces non aérés avant d'être conduites au tribunal pour des audiences dépassant parfois 12 heures.
Elles sont maintenues pendant plusieurs heures dans de petits espaces non aérés avant d'être conduites au tribunal pour des audiences dépassant parfois 12 heures. © Reuters
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Charles Carrasco avec agences , modifié à
Ces opposantes à Vladimir Poutine ont fait plusieurs malaises lors de leur procès à Moscou.

Elles sont déjà dans un état de fatigue extrême et manquent de nourriture. Depuis l'ouverture de leur procès, les jeunes femmes du groupe de punk rock russe, Pussy Riot, jugées à Moscou pour une "prière punk" contre Vladimir Poutine en février, s'insurgent contre leurs conditions de détention.

"Nous sommes à moitié conscientes, nous ne dormons pratiquement pas, aujourd'hui nous n'avons pas du tout dormi", s'est emportée l'une des prévenues, Nadejda Tolokonnikova, au tribunal. "Nous ne pouvons pas pleinement participer" aux débats, a-t-elle lancé au moment où la présidente de la juridiction faisait appeler une aide médicale d'urgence pour la deuxième fois lors de l'audience, à la demande des jeunes femmes qui se sentaient mal.

"Ça n'est pas un procès"

Les trois opposantes ont également fait part des conditions déplorables dans lesquelles se tiennent les audiences dans le tribunal où avait déjà été condamné l'ancien "golden boy" du pétrole, Mikhaïl Khodorkovski.

"Nous refusons de participer à un procès illégitime, nous allons demander aux huissiers de nous sortir de là", a protesté Maria Alekhina, après s'être vu refuser par la présidente du tribunal de limiter la durée des audiences.

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"Les médecins vous ont examinée, vous violez la procédure judiciaire", a répondu la juge Marina Syrova, au cours d'échanges tendus avec la défense, conduisant l'avocate Violetta Volkova à quitter brutalement la salle. "Ça n'est pas un procès !", a-t-elle protesté.

Des audiences de douze heures

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Les avocats de la défense se sont plaints à plusieurs reprises que leurs clientes, en détention provisoire depuis cinq mois, doivent se lever à 5 heures et sont maintenues pendant plusieurs heures dans de petits espaces non aérés avant d'être conduites au tribunal pour des audiences dépassant parfois 12 heures.

La semaine de procès a été particulièrement éprouvante. Maria Alekhina s'était plainte lundi d'avoir "la tête qui tourne" après une audience qui s'est terminée après 22 heures. Mercredi, elle a été victime d'un malaise après "une chute brutale du taux de sucre dans le sang, du fait qu'elle est végétalienne", a expliqué l'avocat Nikolaï Polozov.

Elles encourent jusqu'à sept ans de prison

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, doivent répondre de "hooliganisme", délit pour lequel elles encourent jusqu'à sept ans de prison. Elles sont poursuivies pour avoir entonné le 21 février, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une "prière punk" intitulée "Marie mère de Dieu - chasse Poutine !" à l'intérieur de la cathédrale du Christ-Sauveur, dans la capitale russe.

Les prévenues clament leur innocence, estimant n'avoir commis aucun délit. Elles affirment avoir été animées par la seule envie d'améliorer la situation politique dans le pays où le président Vladimir Poutine est confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a douze ans.

Une lettre ouverte dans le Times

Les Who en performance surveillée

© Reuters

Un groupe de musiciens britanniques, dont Pete Townshend (membre des Who) et les Pet Shop Boys, ont lancé jeudi un appel au président russe Vladimir Poutine, attendu à Londres ce même jour. Dans une lettre ouverte publiée jeudi par le Times, douze musiciens s'indignent des accusations "grotesques" portée contre les jeunes femmes.

"La dissidence est un droit dans une démocratie, et il est totalement hors de proportion qu'elles soient menacées de sept ans de prison pour cette accusation, que nous considérons comme grotesque, de 'hooliganisme motivée par la haine religieuse'", écrivent-ils. Parmi les signataires figurent également Jarvis Cocker, du groupe Pulp, Alex Kapranos, de Franz Ferdinand, Johnny Marr des Smiths et la chanteuse folk Corinne Bailey Rae.