Roman Polanski libre, et maintenant ?

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avec Alain Acco et AFP , modifié à
La Suisse refuse d’extrader le cinéaste, mais il reste sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

Lundi, Roman Polanski s’est vu retirer son bracelet électronique après le rejet par la Suisse de la demande d'extradition américaine le concernant. Le cinéaste franco-polonais a déjà quitté son chalet de Gstaad, où il était assigné à résidence depuis plusieurs mois, a assuré une employée du cinéaste.

Si Roman Polanski est désormais laissé libre de ses mouvements, la décision de la justice suisse ne met pas fin à la procédure américaine à l’encontre du cinéaste, toujours accusé de "relations sexuelles illégales" avec une mineure âgée de 13 ans.

"C’est un très grand soulagement mais reste à régler le problème américain", a confié à Europe 1 George Kiejman, un des avocats de Roman Polanski. "Il faut clore ce que j’appelle le malentendu américain (…) et espérer que les avocats californiens de Roman Polanski obtiendront de la justice californienne qu’elle admette (…) que le dossier est clos", ajoute-t-il.

Me Kiejman, l’avocat de Roman Polanski, en 2006. 630420

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Concrètement, Washington pourra demander l'extradition de Roman Polanski s'il se rend dans un pays ayant conclu un accord d'extradition avec les Etats-Unis. Lundi, le ministère américain de la Justice n'a pas souhaité préciser s'il demanderait à nouveau l'extradition, indiquant qu’il ne "spécule pas" sur cette question hypothétique. Les États-Unis ont toutefois exprimé leur "déception" après la décision de la Suisse. "Le viol d'une fille de 13 ans par un adulte (...) est un crime", a expliqué le porte-parole du département d'Etat. "Nous continuerons à chercher justice dans cette affaire et nous allons étudier nos possibilités".

Si le nom du cinéaste est maintenu sur le fichier d'Interpol des personnes recherchées, Washington sera toujours en mesure de demander l'extradition à un pays ami. Interpol a tenu à rappeler mardi que Roman Polanski reste l'objet d'une "notice rouge" sur les personnes recherchées. "Il incombe aux Etats-Unis, qui sont à l'origine de cette notice rouge, d'en demander le retrait", a précisé son porte-parole.

"Roman Polanski a tourné son dernier film (The Ghost Writter, ndlr) en Allemagne, alors qu’il existe une convention d’extradition entre l’Allemagne et les Etats-Unis", rappelle Maitre Kiejman. Selon lui, hormis la Grande-Bretagne, aucun des pays qui ont des conventions d’extradition avec les Etats-Unis "n’avaient jamais cherché à ennuyer Roman Polanski".

Pour Maître Kiejman, la décision suisse signale que les États-Unis "n’ont pas été de très bonne foi en demandant une extradition en 2009 alors qu’il se rendait très librement en Suisse depuis des années et qu’il y avait même un chalet de vacances".

Depuis l’annonce de la décision suisse, les plus fervents soutiens du cinéaste font part de leur satisfaction. Son épouse Emmanuelle Seigner a exprimé son "immense plaisir".