Risques de famine en Afrique et au Yémen : comment aider ?

Soudan du sud famine aide humanitaire
Le Soudan du Sud est officiellement en famine. © ASHRAF SHAZLY / AFP
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"Le monde fait face à sa pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", estime l’ONU.

Plus de trente millions de personnes sont touchées par la malnutrition dans le monde, selon le dernier rapport de la FAO, l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, publié le 27 mars. "Le monde fait face à sa pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale", avertissait même Stephen O’Brien, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnatrices des secours d'urgence de l'ONU. La Somalie, le Kenya, le Nigeria, le Yémen et le Soudan du Sud sont particulièrement touchés, selon ce même rapport. Le 20 février, le Soudan du Sud devenait même le premier pays à se déclarer officiellement en famine depuis cinq ans. En clair, cela signifie qu’une partie non négligeable de la population (100.000, en l’occurrence) est directement menacée d’une mort imminente à cause du manque de nourriture. D'après l’ONU, les quatre autres pays pourraient bientôt se retrouver dans la même situation. Les Nations Unis en appellent donc aux dons. Mais comment – et à qui – faut-il donner ?

Un réseau d’associations et d’organismes bien implantés

L’OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU) a mis au point un guide pour aiguiller les potentiels donateurs. Si vous voulez passer par les canaux de l’ONU pour envoyer de l’argent, il existe des sites  personnalisés pour certains pays, comme ici pour le Soudan du Sud, ici pour la Somalie, ici pour le Yémen et ici pour le Nigéria. "20 centimes d’euros suffisent à remplir une tasse rouge dans laquelle le Programme alimentaire mondial (PAM) sert ses repas scolaires. Ces repas nourrissent le corps mais aussi l’esprit pour transformer la vie d’un enfant. 35 euros permettent de nourrir un écolier pendant toute une année scolaire", avance le PAM, le service d’aide alimentaire de l’ONU, sur son site (pour un don non dédié à un pays, vous pouvez passer par ici). Une application, "Share The Meal", permet même de faire un don de quelques centimes au PAM en quelques clics via son smartphone.

Si vous voulez faire un don (ou vous engager) auprès d’une association, l’OCHA recommande de passer par des associations bien implantées localement, qui connaissent les réseaux et les besoins du terrain de ces pays, comme Action contre la faim, Care, Médecins sans frontières (MSF) ou Oxfam. Outre ces canaux-là,  les entreprises et les donateurs les plus aisés peuvent aussi donner au Fonds central d’intervention d’urgence, habitué à gérer des grosses sommes d’argent en un court laps de temps.

Lorsque les accès aux pays sont rendus compliqués, ces organismes mettent en place un service d’aide aux réfugiés des pays frappés par la malnutrition qui se déplacent dans d’autres pays. C’est pourquoi il est conseillé de donner à des organismes qui ont une implantation de longue date et dans plusieurs pays limitrophes aux pays frappés par la crise alimentaire.

Faut-il donner en nature ou de l’argent ?

L’ONU préconise de privilégier l’envoi de dons en argent : cela permet aux associations et organismes sur place de financer les agriculteurs locaux quand cela est possible alors que l'envoi direct de nourriture peut leur faire concurrence. "Lorsque vous distribuez de la nourriture aux réfugiés, ils ne reçoivent que 55 % du coût total qu’il a fallu pour la payer ou la transporter. Dans le cas du transfert d’argent, cette proportion passe à 78 %. En moyenne, l’assistance en argent est 20 % moins chère que la distribution de nourriture", avance Jaakko Valli, responsable de programme au PAM, interrogé par Le Monde. Selon les Nations Unies, il faudrait lever 4,4 milliards de dollars d'ici juillet pour "éviter une catastrophe".

Le Français Jérôme Jarre a bien atterri

Il y a une semaine, la star française de Twitter Jérôme Jarre réussissait à réunir plus de deux millions d’euros de dons pour la Somalie après un appel lancé sur les réseaux sociaux (nous vous avions raconté cette histoire ici). L'ONG American Refugee Committee, implantée sur place, l'aide à gérer les fonds récoltés. Son message, relayé 1,2 million de fois, a aussi motivé la compagnie Turkish Airline, la seule à se rendre dans le pays, à affréter un avion à direction de Mogadisco. Et ce dernier a atterri le 27 mars, avec 60 tonnes d’eau et de nourriture à son bord, achetés grâce aux donc récoltés.