Répression sanglante en Libye

A Benghazi, deuxième ville de Libye, la contestation se transforme en insurrection.
A Benghazi, deuxième ville de Libye, la contestation se transforme en insurrection. © REUTERS
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avec Laure Dautriche et Frédéric Nicolas , modifié à
Des centaines de Libyens ont été tués et blessés depuis mardi, selon les Etats-Unis.

Le bilan des victimes de la répression libyenne s'accentue d'heure en heure. Dimanche soir, le département d'Etat américain a fait état d'informations selon lesquelles il y a eu des "des centaines" de morts et de blessés depuis quelques jours en Libye. Le précédent bilan, donné par l'ONG Human Rights Watch (HWR), faisait état d'au moins 233 personnes tuées depuis mardi. Rejoignant la contestation qui se propage dans les pays arabes après la chute de Ben Ali en Tunisie, et celle d'Hosni Moubarak en Egypte, des dizaines de milliers de libyens réclament depuis le début de la semaine le départ du colonel Kadhafi.

Signe de la tension qui règne à Tripoli, l'un des fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 40 ans, est intervenu à la télévision dimanche soir. Il a indiqué que le colonel Khadafi se battra "jusqu'au bout" contre les manifestations qui menacent son régime. Saif al Islam Kadhafi a également indiqué que l'armée ferait respecter l'ordre à n'importe quel prix.

Ecoutez le témoignage de Waïfa, une habitante de Tripoli, recueilli par Europe 1 :

Des accrochages ont opposé dimanche des milliers de manifestants à des partisans du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur la place Verte de Tripoli, a rapporté la chaîne Al Djazira. "Il y a des troubles (...) comme nous n'en avions pas vus avant", a déclaré un employé d'hôtel qui se trouvait dans le centre-ville.

La contestation semble en effet se transformer en insurrection dans l'est du pays, à Benghazi, deuxième ville de Libye et bastion de l'opposition, où 100.000 personnes se sont rassemblées dans les rues dimanche, alors que samedi les heurts avaient déjà fait douze morts. Des scènes de chaos ont émaillé la journée de dimanche, avec des tirs à balles réelles, l'utilisation d'armes lourdes et de gaz lacrymogènes contre les manifestants. Selon des témoignages concordants, les forces de l'ordre sont appuyées par des "mercenaires africains".

"C'est un désastre"

Un très grand nombre de blessés arrivent par dizaines dans les hôpitaux, totalement débordés. "Ils sont tués par des balles de snipers, par l'armée libyenne, c'est un désastre, j'ai jamais vu ça", interpelle un médecin libyen. "Il faut de l'aide, s'il vous plaît", demande-t-il au micro d'Europe 1 :

La ville est devenue le théâtre de "massacres", a affirmé pour sa part Fathi Terbeel, un des organisateurs des manifestations, sur la chaîne Al-Jazira: "Cela ressemble à une zone de guerre ouverte entre les manifestants et les forces de sécurité".

La France condamne la violence

La France, l'Union européenne et les Etats-Unis ont vivement condamné la répression qui s'abat en Libye. Le ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a qualifié dimanche soir d'"inacceptable" et de "totalement disproportionnée" la violence des autorités, ajoutant que la France était "extrêmement préoccupée par ce qui se passe" dans ce pays.

L'Union européenne a appelé dimanche soir Mouammar Khadafi à répondre aux attentes "légitimes" de son peuple et à cesser "immédiatement" de recourir à la violence contre des manifestants pacifiques.

Des pays commencent à vouloir évacuer leurs ressortissants, comme l'Autriche qui a envoyé dimanche un avion militaire à Malte. Et les étrangers commencent à fuir en nombre les violences. Des centaines de Tunisiens ont ainsi quitté dimanche la Libye par le poste-frontière de Ras-Jdir pour se réfugier dans leur pays et fuir "un vrai carnage".