Ratko Mladic remis à la justice internationale

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avec agences , modifié à
L’ex-chef militaire des Serbes de Bosnie a été extradé mardi vers les Pays-Bas, où siège le TPIY.

Ratko Mladic a passé sa première nuit en prison. L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, recherché pendant seize ans par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, a été transféré mardi de Belgrade aux Pays-Bas où il a été remis au TPIY. Arrêté la semaine dernière, il avait fait appel de ce transfèrement, mais sa demande a été rejetée. Arrivé à Rotterdam mardi soir, il doit désormais être concrètement traduit devant la juridiction de La Haye.

Après avoir passé un examen médical, Ratko Mladic a passé sa première nuit dans une cellule d'isolement du quartier pénitentiaire du TPIY. C'est là qu'il va attendre son procès.

Inculpé pour son rôle dans la guerre de Bosnie

Ratko Mladic est inculpé de "génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre" par le TPIY pour son rôle dans la guerre de Bosnie, entre 1992 et 1995. Il encourt la prison à vie. Ratko Mladic qui encourt la prison à vie était l'un des deux derniers fugitifs recherché par le TPIY créé en 1993 par les Nations unies.

Selon son fils, qui a pu s’entretenir avec lui après son arrestation, Ratko Mladic affirme n’avoir "rien à voir" avec le massacre de quelque 8.000 musulmans par les forces serbes de Bosnie, à Srebrenica. Toujours selon son fils, Ratko Mladic a encore déclaré avoir donné pour ordre "d'évacuer d'abord les blessés, les femmes et les enfants, puis les combattants" à Srebrenica.

Mladic conduit au quartier pénitentiaire du TPIY

L'ancien chef militaire, âgé de 69 ans, est arrivé vers 19h45 à l'aéroport de Rotterdam à bord d'un avion portant l'inscription "République de Serbie" qui a été garé à l'intérieur d'un hangar, à l'abri des regards, selon des images diffusées par la télévision publique néerlandaise. Mladic a ensuite été pris en charge par des représentants du bureau du procureur et du greffe, puis conduit au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, à une vingtaine de kilomètres de Rotterdam, où il est arrivé vers 21h30.

A son arrivée à la prison, Ratko Mladic devait être informé de ses droits et pourra s'entretenir avec un avocat avant de participer à une audience de comparution initiale dont la date n'est pas encore fixée. Au quartier pénitentiaire du TPIY, l'ancien général va retrouver Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, et une trentaine d'accusés originaires de l'ex-Yougoslavie en attente ou en cours de jugement.

A l'audience de comparution initiale, Ratko Mladic pourra plaider coupable ou non coupable. S'il le souhaite, il pourra bénéficier d'un délai de 30 jours avant que la question ne lui soit à nouveau posée. S'il plaide coupable de tous les chefs d'accusation, son procès n'aura pas lieu et le tribunal prononcera une peine. Le bureau du procureur du TPIY n'a pas exclu une de joindre partiellement le procès de Ratko Mladic à celui de Radovan Karadzic, qui avait débuté en octobre 2009. Les deux hommes sont en effet accusés des mêmes crimes.

Un homme "fragile" ?

L’avocat de l’ancien chef de guerre, Me Milos Saljic, a insisté sur la fragilité mentale de son client. Il a notamment précisé que Ratko Mladic avait exprimé l'intention de se rendre à pied à La Haye, où siège le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, si on l'empêchait de se rendre sur la tombe de sa fille. Mardi, il a pu se rendre à l'aube sur la tombe de sa fille Ana, dans un cimetière de Belgrade, avant d'être reconduit dans sa cellule.

De son côté, la justice serbe l’a jugé "physiquement apte", selon un rapport médical, à répondre de génocide devant une cour.