Burkina Faso : qui est le général Diendéré, leader des putschistes ?

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B.G. avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Le général Diendéré a pris le pouvoir au Burkina-Faso à la faveur d'un coup d'état militaire. Qui est cet ancien proche de Blaise Compaoré ?  

Il est le nouvel homme fort du Burkina-Faso. Après une vie passée dans l'ombre, le général Diendéré se dévoile enfin en prenant les rênes du pouvoir. Connu pour sa discrétion et sa science de la manœuvre en coulisse, ce personnage au physique imposant - il mesure près de deux mètres - s'est forgé une réputation d'habile négociateur. Il a joué un rôle déterminant dans la libération d'otages occidentaux détenus par des groupes islamistes au Sahel.

Participe au complot contre Sankara. Cet homme a été pendant vingt-sept ans le bras droit du président Blaise Compaoré, renversé l'an dernier. Alors âgé d'une vingtaine d'années, il participe en août 1983 au putsch qui amène au pouvoir un groupe de jeunes officiers, parmi lesquels Thomas Sankara et Blaise Compaoré. A la mort de Thomas Sankara, Gilbert Diendéré devient alors le numéro deux du régime, rôle qu'il assumera jusqu'à la chute de Compaoré."Il était devenu l'ombre de Compaoré", déclare Rinaldo Depagne, analyste chargé de l'Afrique de l'Ouest au sein de l'International Crisis Group (ICG). 

L'homme de confiance de Compaoré. En tant que chef d'état-major particulier de Compaoré, Gilbert Diendéré, il était sans conteste l'homme de confiance chargé de délicates missions et bénéficiant de nombreux contacts à travers le monde. Protégé du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Blaise Compaoré fut accusé de soutenir dans les années 1990 le président libérien Charles Taylor et les redoutables combattants du Front révolutionnaire uni en Sierra Leone, puis d'avoir accueilli des rebelles ivoiriens. Il a toujours affirmé qu'il ne se mêlait pas des affaires de ses voisins.

Devenu son cheval de Troie ? Les observateurs cherchent aujourd'hui à comprendre pourquoi cet homme de l'ombre, habitué depuis des décennies à manœuvrer dans les coulisses, a décidé d'apparaître au grand jour et de prendre la tête à Ouagadougou de la junte, baptisée "Conseil national pour la démocratie". Il semble que l'appel à la dissolution du RSP, lancé cette semaine par une commission gouvernementale, l'a décidé à agir, mais d'autres motifs pourraient également expliquer le putsch. Pour un officier occidental au fait de la vie politique burkinabée, il n'est peut-être pas exclu que Compaoré, de son exil, cherche à manœuvrer en coulisses.