Qui est Kassim Al-Raïmi, qui prend la tête d'Al-Qaïda au Yémen ?

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Kassim Al-Raïmi, le nouveau leader d'Al-Qaïda au Yémen © AFP/MINISTERE YEMENITE DE L'INTERIEUR
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A peine a-t-on appris la mort du leader du groupe terroriste au Yémen que ses membres se sont choisis un nouveau chef : leur ancien commandant militaire.

C'est un revers important pour le groupe terroriste le plus actif de la péninsule arabique. Le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), Nasser al-Wahishi, a été tué au Yémen par une frappe de drone américain, a confirmé le groupe terroriste dans une vidéo diffusée sur internet. "Nous, Al-Qaïda dans la péninsule arabique, annonçons avec douleur à la nation musulmane (...) qu'Abou Bassir Nasser ben Abdoul Karim al-Wouhaïchi, que Dieu ait son âme, a trouvé la mort dans une frappe américaine qui l'a visé ainsi que deux de ses frères combattants, que leurs âmes reposent en paix", dit un commandant d'Aqpa, Khaled Batarfi. Le quotidien américain Washington Post avait évoqué lundi soir une frappe visant le leader terroriste, dont CNN affirmait qu'elle lui avait coûté la vie.

Une hydre. Les groupes terroristes ont cela d'une hydre qu'à chaque fois qu'ils perdent une tête, une autre repousse. La direction d'Al-Qaïda au Yémen (l'autre nom d'Aqpa) s'est rapidement réunie et a choisi Kassim al-Raïmi (également orthographié Qassem al-Raymi), jusqu'ici commandant militaire d'Aqpa, pour lui succéder, a ajouté le porte-parole dans la vidéo. On ne sait pas encore s'il va également être adoubé comme n°2 de l'organisation centrale, comme l'avait été Nasser al-Wahishi.

Originaire de Saana, la capitale du pays, le Yéménite de 36 ans a été formé dans une école religieuse avant de faire ses armes en Afghanistan dans les années 90 où il a rencontré Oussama Ben Laden. Un de ses frères est ou a été détenu à Guantanamo.

En 2002, il a été arrêté puis condamné pour avoir préparé des attaques contre des ambassades dans la capitale yéménite. Mais quatre ans plus tard, Kassim al-Raïmi s'échappe de sa prison en passant par un tunnel avec 22 autres détenus islamistes, dont l'ex-chef Nasser al-Wahishi, tué la semaine dernière.

Un des terroristes les plus traqués. Depuis sa sortie de prison, Kassim al-Raïmi s'était employé à renforcer la franchise Al-Qaïda au Yémen. Dans une note de 2010, le Département d'Etat américain souligne que Qassem al-Raimi "a joué un rôle clé dans la résurgence du nœud régional d'Al-Qaïda". En plus d'être le commandant militaire d'AQPA, le Département d'Etat note qu'il a un "rôle important dans le recrutement de l'actuelle générations de militants d'AQPA". Selon les autorités yéménite, la commandant militaire du groupe avait participé à l'organisation de l’attentat suicide qui a tué huit touristes espagnols et deux de leurs chauffeurs yéménites en 2007.

Des menaces et des excuses. En 2013, après la mort de Ben Laden, Kassim al-Raïmi promettait aux Américains que le "meurtre d'Oussama Ben Laden et d'Anwar al-Awlaki n'était pas, et ne serait jamais, la fin d'Al-Qaïda", rapportait Al Ahram. Au même moment, le leader terroriste menaçait directement le peuple américain d'actions sur son sol. Son poste élevé dans l'organigramme d'Al-Qaïda ne l'a pas empêché de faire part de ses excuses après une attaque contre un hôpital au Yémen en décembre 2013. “Nous nous désolidarisons de ce que notre frère a fait", déclarait-il, assurant que "nous ne lui avons pas ordonner de le faire et nous ne réjouissons pas de ce qu'il a fait". Al-Raïmi assurait vouloir dédommager les proches des victimes de cet attentat.

Ennemi farouche des rebelles houthis, chiites, qui ont pris le contrôle de la capitale récemment. Il les considère comme "la nouvelle arme de location pour les ennemis de l'islam", comme il l'a déclaré dans un enregistrement audio fin 2014. Il les menaçait de "payer le prix" pour les attentats contre des mosquées.

Plusieurs fois depuis qu'il est en cavale, Kassim al-Raïmi a été donné pour mort. En 2007 notamment, les autorités yéménites avaient affirmé l'avoir tué dans une opération militaire mais il était réapparu un an plus tard. Selon le New York Times, qui citait en 2010 des spécialistes occidentaux du terrorisme et des responsables yéménites, Al-Raïmi est "le membre le plus important et le plus dangereux du groupe".