Ukraine : pourquoi l'est s'embrase (encore) ?

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avec AFP , modifié à
Le pays connaît un violent regain de tensions entre le gouvernement central et les séparatistes pro-russes.

L’est de l’Ukraine s’est brusquement embrasé ce week-end. De violents combats ont eu lieu aux abords de Donetsk. Lundi, des chars et des canons convergeaient vers la ville gardée par les séparatistes pro-russes. Un regain de tensions qui fait craindre une guerre totale entre les rebelles et le gouvernement central ukrainien. Europe 1 vous explique ce qui se passe dans l’est du pays.

Les conséquences du vote. La situation sur le terrain s'est brusquement dégradée après la tenue le 2 novembre d'élections séparatistes dans les Républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk. Ces scrutins, dénoncés par Kiev et par l’ensemble de la communauté internationale, à l’exception de la Russie, ont sapé le processus de paix engagé il y a deux mois. En septembre, le gouvernement ukrainien et les séparatistes pro-russes avaient signé un cessez-le-feu, avec la participation de la Russie et de l’OSCE.

Dans ces "accords de Minsk", il était prévu l’organisation d’un scrutin local en coopération avec Kiev. Mais les régions rebelles ont organisé un vote pour élire leurs présidents et leurs parlements, un scrutin qualifié de "farce" par le gouvernement ukrainien. Depuis, les tensions n’ont cessé de croître entre les deux camps, au point d’éclater ce week-end.

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Un train détruit par des obus, près de Donetsk.

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Des renforts massifs aux séparatistes. Depuis plusieurs jours, les séparatistes pro-russes reçoivent des renforts depuis les abords de la frontière russe. Des journalistes de l'AFP ont vu six chars et deux blindés ont ainsi été aperçus près de Chakhtarsk, et à Makiïvka, non loin de Donetsk, ils ont également vu une colonne de 15 camions sans plaque d'immatriculation, dont 14 tractaient chacun un canon de 122 mm.

Les observateurs de l'OSCE avaient indiqué samedi soir avoir vu "plus de 40 camions et camions-citernes" circulant sur une voie rapide à la périphérie est de Makiïvka. A chaque fois, il s’agit de véhicules "sans plaque d’immatriculation en colonnes impeccables, certains tirant des canons très proprement emballés", explique Le Monde dans son édition de lundi. Le gouvernement ukrainien dénonce, lui, l’arrivée de ces renforts en provenance de la Russie depuis vendredi et a gelé 2,6 milliards d’euros d’aide financière au Donbass, la région de Donetsk.

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Les enjeux stratégiques. Mais les intentions des rebelles sont floues. Les récents combats se concentrent essentiellement sur plusieurs points stratégiques. L’aéroport de Donetsk, au nord de la ville, est un objectif de longue date pour les rebelles. Des assauts à l’arme lourde ont eu lieu ce week-end, et des habitations résidentielles ont même été touchées.

La bataille est également violente à Marioupol. Ce port, sur les bords de la Mer Noire, est essentiel pour les deux camps afin d’exporter la production industrielle de l’est de l’Ukraine. La ville de Chtchastia, au nord est de l’Ukraine, est quant à elle un enjeu pour sa centrale électrique qui alimente une bonne partie de la région.

L'aéroport de Donetsk est le théâtre de violents combats.

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Le front diplomatique se fissure. Conséquence de ces événements : la bataille diplomatique a repris. Le président russe Vladimir Poutine a accusé lundi les forces ukrainiennes de tirer "constamment" à l'artillerie sur la zone du crash du Boeing malaisien MH17, abattu en juillet au-dessus de l'Ukraine.

La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a demandé dimanche soir à Moscou de "retirer d'Ukraine toutes troupes, armes et équipements sous son contrôle" et d'empêcher l'arrivée de nouveaux renforts dans le pays. La Maison-Blanche a aussi mis en garde contre toute tentative des rebelles de s'emparer de davantage de territoire, ce qui constituerait une "flagrante violation" des accords de cessez-le-feu. En sept mois, le conflit dans l’est de l’Ukraine a fait plus de 4.000 morts.

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