Que se passe-t-il à la centrale de Fukushima ?

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Hélène Favier , modifié à
Le Japon tente de rassurer, tandis que le monde entier suit avec inquiétude l'évolution de la situation.

Une nouvelle explosion s'est produite lundi dans une centrale nucléaire japonaise endommagée par le séisme et le tsunami, mais Tokyo a exclu la possibilité d'une catastrophe comme celle de Tchernobyl. La réponse en sept points.

Quelles sont les causes possibles de ces accidents ?

Que s’est-il passé au moment du séisme ? - Dès que le séisme a été détecté, le système d’alerte a mis les réacteurs à l'arrêt. Cette première parade a très bien fonctionné au Japon. Mais, même arrêtés, les réacteurs nucléaires chauffent toujours un peu, à cause de la radioactivité dégagée par le combustible. Il faut donc les refroidir pour éviter l’explosion. Mais, à Fukushima le système principal de refroidissement et celui de secours ont été vraisemblablement endommagés par le séisme et le tsunami. Ils n’ont donc pas pu entièrement remplir leur rôle.

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Pourquoi y a-t-il eu explosion ? - A Fukushima, les réacteurs ont donc continué à chauffer, avec des températures de l'ordre de 1.000 degrés. Les japonais ont alors injecté de l'eau de mer borée - le bore étant un élément chimique qui absorbe les neutrons et freine la réaction nucléaire. Mais, cela n’a pas été suffisant pour les réacteurs n° 2 et 3. La baisse du niveau d'eau a alors provoqué la production d'hydrogène : c'est lui qui a vraisemblablement déclenché l'explosion quand il s'est répandu dans l'enceinte de confinement et a soufflé le toit. L'explosion aurait donc des causes chimiques (l'hydrogène) et ne serait pas liée à une réaction nucléaire. L'enceinte de confinement est intacte car le taux de radioactivité mesuré est plutôt faible. Il s'agit donc d'une explosion de nature chimique et non d'origine nucléaire.

Quels sont les scénarios envisageables?

Y a-t-il actuellement fusion au sein du réacteur japonais ? - La fusion correspond à la surchauffe du combustible qui commence à fondre et à couler, comme une bougie. Il devient alors difficile à refroidir et les gaines qui retiennent les produits radioactifs se désagrègent à leur tour. A ce stade, les produits radioactifs risquent de passer dans l'eau qui circule théoriquement en circuit fermé. Selon les experts japonais, un démarrage d'un phénomène de fusion est "probable" dans les trois réacteurs.

Quel est le pire scénario ? - Si la fusion se prolonge, elle se traduira par la présence d'un magma appelé corium, qui résulte de la fusion des métaux présents et de l'uranium lui-même. Le corium risque alors de percer la cuve en la chauffant et de se retrouver directement dans l'enceinte de confinement. Ce qui provoquerait des rejets massifs d'éléments radioactifs dans l'environnement. Selon Alain Cirou, le consultant sciences d’Europe 1, ce stade n’a pas encore été atteint. Selon lui, la fusion dont parlent les experts japonais pour les trois réacteurs de Fukushima concerne la fonte du cœur du réacteur, il n'y a pas de création de magma.

Cette situation est-celle comparable à celle de Tchernobyl en 1986 ? - Non, car la centrale de Tchernobyl ne disposait pas d'enceinte de confinement mais d'une simple chape de béton. En outre, à Tchernobyl, il s'agissait d'un emballement de la réaction nucléaire, avec un réacteur en surchauffe, alors qu'au Japon les réacteurs ont été arrêtés 24 heures avant l'explosion.

Y a-t-il eu relâchement d'éléments radioactifs ? - Oui, avec la vapeur d'eau contaminée qui est sortie de la centrale après l'explosion du bâtiment du réacteur. Tant qu'il n'y aura pas de rétablissement du refroidissement, d'autres relâchements volontaires de vapeur contaminée seront inévitables pour éviter un accident majeur.

Quelles sont les conséquences de ces accidents ?

Quels risques pour la santé humaine ? - Si les rejets de matériaux radioactifs sont "importants au regard de la radioactivité naturelle", selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ils ne présentent pas de danger important pour la santé humaine. Donc, pour l’instant, le risque est faible pour les populations (qui ont été évacuées), mais pas pour le personnel de la centrale qui lutte actuellement pour maîtriser l’installation. Des pastilles d’iodes ont été distribuées en prévention.

Et après ? - Il faudra analyser l'eau utilisée pour refroidir les réacteurs, puis nettoyer les endroits contaminés : soit mettre une couche de terre par-dessus, soit racler la couche du sol contaminé. Mais une partie des éléments radioactifs va se détruire d'elle-même car le propre de la radioactivité est de disparaître toute seule avec le temps. Tout dépend des quantités. Les autorités japonaises ont annoncé que la centrale de Fukushima, une fois maîtrisée, serait condamnée. Elle ne produira plus d’électricité.