Quand la prière devient protestation à Alep

Une épaisse fumée au dessous du quartier de Salah al-Din, à Alep.
Une épaisse fumée au dessous du quartier de Salah al-Din, à Alep. © Reuters
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François Clauss, envoyé spécial en Syrie, avec Charles Carrasco , modifié à
REPORTAGE – L’envoyé spécial d’Europe 1 se trouve dans la deuxième ville de Syrie, où les bombardements de rage.

"La bataille d’Alep n’a pas commencé, ce qui se passe actuellement n’est qu’un hors d’œuvre", assure un important responsable de la sécurité d’Alep. Et pourtant, sur le terrain le pilonnage de l’armée n’a jamais atteint une telle intensité en juillet, qualifié de mois le plus meurtrier depuis le début du conflit syrien par l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Les insurgés sont retranchés depuis plus de deux semaines à Alep, dont le contrôle est crucial pour l'issue de cette bataille. Ils font face à un déluge de feu de la part de l'artillerie et de l'aviation militaire, comme a pu le constater en ce vendredi de prière François Clauss, l’envoyé spécial d’Europe 1 en Syrie.

"J’ai deux enfants, ils ont pris les armes"

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Sortis de l’une des mosquées d’Alep, une centaine de fidèles se regroupent pour brandir le drapeau de la révolution. Comme un défi aux chars et aux hélicoptères qui cernent le quartier. Mais rapidement, la prière devient protestation.

"Nous voulons tous notre liberté et nous allons continuer et résister. J’ai deux enfants et ils ont pris les armes", s’enorgueillit ce rebelle déterminé à en découdre.

"Nous voulons protéger les gens"

Un peu plus loin, sur le pont de l’autoroute, les combattants de l’armée libre, regroupés autour d’une mitrailleuse lourde anti-aérienne prise à l’armée du régime, protègent le cortège.

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"Nous sommes là pour le peuple d’Alep. Pour lui permettre d’avoir du pain et de l’essence. Nous voulons protéger tous les gens, tous les manifestants", martèle ce combattant.

"Mes trois enfants dormaient là"

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Vendredi dernier, ils étaient plusieurs milliers à manifester, aujourd’hui, ils ne sont que quelques centaines. L’explication est à une rue de là, près des décombres d’un immeuble. Au lever du jour, une salve de mortier s’est abattue sur le quartier.

Un homme, qui se fait appeler "citoyen syrien", a retrouvé son appartement dévasté. "Nous étions une centaine dans cet immeuble. Tout le monde part. Mes trois enfants dormaient-là, juste à côté. Il n’y avait pas un seul combattant dans cet immeuble. Qu’est ce que cette armée qui tire sur le peuple ?", lâche-t-il avec colère.

Une demi-heure plus tard, la manifestation se disperse. Dans le ciel, le ronronnement menaçant d’un avion Mig-21 qui survole la zone. "Nous avons le contrôle des rues, il n’a plus que le ciel. Il n’en a plus pour longtemps", scande un manifestant. Comme pour mieux se convaincre.