Puigdemont devant un juge après son arrestation qui a déclenché des violences en Catalogne

La rébellion est passible de 30 ans de prison en Espagne.
La rébellion est passible de 30 ans de prison en Espagne. © LLUIS GENE / AFP
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Hélène Kohl avec AFP , modifié à
Un tribunal allemand doit décider du placement formel en détention de l'ancien dirigeant indépendantiste catalan en vue d'une remise à l'Espagne. Des affrontement ont éclaté à Barcelone. 

Il pourrait être rapidement fixé sur son sort. L'ex-président de Catalogne Carles Puigdemont doit être présenté lundi à un juge en Allemagne, après son arrestation qui a suscité une vague de protestation en Catalogne, où des rassemblements ont donné lieu à des affrontements entre indépendantistes et forces de l'ordre à Barcelone. Le leader indépendantiste sera présenté à un juge pour confirmer son identité, a annoncé le parquet du land de Schleswig-Holstein, au nord de l'Allemagne, où Carles Puigdemont a passé a nuit en prison. Un tribunal à Schleswig devra ensuite décider de son placement formel en détention en vue d'une remise à l'Espagne de l'indépendantiste, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, selon le communiqué du parquet qui ne précise pas la durée de la procédure.

Jusqu'à 30 ans de prison pour rébellion. La situation du politicien pourrait aussi se compliquer dans la mesure où le code pénal allemand est l'un des rares d'Europe à condamner la haute trahison envers un autre pays. Aux yeux de la justice allemande, il y a donc un sérieux motif de poursuites à l'encontre de Carles Puigdemont, passible de 30 ans de prison pour rébellion. Mais le code pénal allemand précise encore, dans son article 82, qu'il faut qu'il soit fait usage de la violence ou qu'il y ait eu menace de violence dans la tentative de sécession, ce qui n'est pas le cas dans la crise catalane. En effet, les indépendantistes n'ont jamais tenté de prendre le pouvoir par la force et Carles Puigdemont a été démocratiquement élu.

90 personnes blessées. Des milliers d'indépendantistes sont descendus dans la rue dimanche pour protester contre cette arrestation, notamment à Barcelone où les manifestants, à l'appel d'un groupe radical, les Comités de défense de la République (CDR), ont tenté d'approcher de la préfecture. Les policiers catalans, les Mossos d'Esquadra, les ont repoussés à coups de matraque et en tirant en l'air. Les militants ont lancé des oeufs, des bouteilles, des grilles de fer, et ont même tenté de lancer des conteneurs d'ordures en direction de la police, qui a chargé pour les disperser en fin de soirée. Selon les services de secours, 90 personnes ont été blessées légèrement à Barcelone, dont 22 policiers. Auparavant, les secours avait fait état de sept personnes blessées dans la ville de Lleida, à 150 km à l'ouest, et d'un blessé à Tarragone, plus au sud.

Appel au calme. "Cela nous indigne qu'ils aient arrêté Puidgemont", s'est écriée Judit Carapena, une étudiante en architecture de 22 ans. "Mais qu'ils ne crient pas victoire, ce n'est pas la fin de l'indépendantisme, loin de là". Yolanda Salleras, une kinésithérapeute de 37 ans, a demandé quelque chose "de plus radical [...] une grève générale de plusieurs jours pour qu'ils les libèrent tous". Neuf autres dirigeants séparatistes sont incarcérés en Espagne. D'après la radio catalane, des membres des CDR ont coupé des routes, comme ils l'avaient fait lors de deux grèves déclenchées après les violences policières qui ont marqué le référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre. Le président du parlement catalan, Roger Torrent, a lancé un appel au calme à la télévision régionale. "Je n'ai aucun doute que la société catalane agira comme elle l'a toujours fait, par la non-violence", a-t-il déclaré.