Prothèses PIP : d'autres pays touchés?

Des prothèses mammaires PIP ont été vendues dans le monde entier.
Des prothèses mammaires PIP ont été vendues dans le monde entier. © MAX PPP
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Les prothèses ont été exportées dans le monde entier. 250 Britanniques ont déjà porté plainte.

Seule la Manche sépare les porteuses de prothèses PIP françaises et les britanniques. Mais alors que les premières ont été invitées à se faire opérer pour retirer les prothèses dangereuses, ce n'est pas le cas pour les secondes. Les autorités sanitaires britanniques estiment en effet qu'il n'y a pas de preuve de la dangerosité des prothèses. L'inquiétude grandit outre-Manche.

La Grande-Bretagne ne cède pas à la panique

L'agence britannique de régulation des médicaments et des produits de santé (MHRA) assure que les tests menés n'ont montré aucun lien entre le silicone des prothèses PIP et l’occurrence de cancers. Le MHRA confirme avoir été informé par les autorités sanitaires françaises du décès d'une patiente, qui avait développé un cancer à cause du silicone de PIP, mais indique ne pas avoir recensé de cas similaire en Grande-Bretagne.

Il n'y a donc aucune raison de les faire retirer, estiment les experts. Le MHRA conseille tout de même "aux femmes, qui sont inquiètes pour leur poitrine ou pensent que leurs implants ont rompu", de demander un avis médical à leur chirurgien esthétique.

"Le message ici est de ne pas paniquer", veut rassurer le Dr Douglas McGeorge, ex-président de l'Association britannique des chirurgiens plastiques, sur le site de la BBC. "Je ne pense pas qu'il y ait urgence à le retirer, mais les femmes dormiront sans doute mieux si on leur enlève leurs implants", poursuit-il."Si cela angoisse les patientes, la chose la plus raisonnable à faire est de remplacer les implants sans plus tarder".

Les Anglaises inquiètes

Mais selon le Daily Mail, les Anglaises n'approuvent pas cette position et se sentent délaissées. 40 à 50.000 femmes sont porteuses d'implants PIP en Grande-Bretagne. 250 d'entre elles ont porté plainte mercredi contre six cliniques qui ont procédé à la pose de ces implants."Plus de la moitié (des plaignantes) ont eu des ruptures de prothèses et nous représentons aussi d'autres femmes inquiètes des informations qui circulent" sur ces implants, a déclaré à l'AFP Esyllt Hughes, en référence à plusieurs cas suspects de cancers de femmes portant des prothèses mammaires PIP.

Vu de Grande-Bretagne, le retrait des implants proposé en France est perçu comme "une mesure de précaution", explique le Daily Mail. Mais "quel conseil suivre - celui des autorités françaises ou britanniques ?", demande The Independent. "En Grande-Bretagne, les priorités sont différentes. Tant que les implants ne rompent pas, la probabilité d'un danger à long terme apparaît lointain", analyse un éditorialiste. Par ailleurs, une opération chirurgicale n'est jamais anodine et "ça pourrait être plus sûr et moins cher de laisser les prothèses où elles sont", estime Jeremy Laurance.

Des prothèses qui ont inondé le monde

Ailleurs dans le monde, l'inquiétude grandit aussi. Près de 300.000 implants PIP ont été exportés ces douze dernières années. En Suisse, 280 porteuses d'implants mammaires ont été recensées. La Société suisse de chirurgie plastique assure qu'il n'y a "aucune inquiétude à avoir (...) C'est un problème psychologique avant tout".

L'Amérique du Sud a elle été inondée de prothèses PIP pendant de nombreuses années. Les ventes de PIP dans cette zone représentaient jusqu'à 58% de ses exportations à l'étranger. L'Asie du Sud-Est (Thaïlande, Japon,  Singapour, Chine), le Moyen-Orient (Iran, Turquie, Israël, Syrie) mais aussi l'Europe de l'Est (Bulgarie, Hongrie, Russie, Biélorussie, Pologne, Tchéquie) faisaient partie de clients de PIP.