Procès Lionnet : les accusés veulent faire croire à un accident, selon le procureur

Leur procès a débuté le 19 mars et doit se poursuivre jusqu'à la semaine prochaine.
Leur procès a débuté le 19 mars et doit se poursuivre jusqu'à la semaine prochaine. © NIKLAS HALLE'N / AFP
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avec AFP , modifié à
"Vous vous êtes concertés et avez décidé d'alléguer un accident", a lancé à Sabrina Kouider et Ouissem Medouni le procureur Richard Horwell.

L'accusation a estimé mercredi que Sabrina Kouider et Ouissem Medouni, poursuivis pour le meurtre de leur fille au pair Sophie Lionnet à Londres en septembre 2017, s'étaient concertés pour faire croire à un accident. "Vous et Monsieur Medouni vous êtes concertés et avez décidé d'alléguer un accident", a lancé le procureur, Richard Horwell, au procès du couple devant la Cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres.

"Non, ce n'est pas vrai", a rétorqué Sabrina Kouider, une mère de famille de 35 ans. "Je n'ai jamais dit qu'elle est morte accidentellement, c'est lui qui m'a dit que c'était un accident", a-t-elle corrigé en faisant référence à son compagnon et co-accusé Ouissem Medouni.

"C'est la vérité", a-t-elle insisté. "Je jure que c'est ce qu'il m'a raconté". Sabrina Kouider et Ouissem Medouni s'accusent mutuellement d'être responsables de la mort de Sophie Lionnet, 21 ans, alors que la victime était questionnée dans la salle de bains sur sa participation à un prétendu complot avec un ancien compagnon de l'accusée pour droguer et abuser sexuellement de la famille.

"J'ai dit 'qu'as tu fait ?'". Medouni a affirmé être allé dormir dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017 avant la fin de l'interrogatoire, puis avoir été réveillé par sa compagne, qui lui aurait montré la victime inanimée dans la salle de bains, en répétant "Qu'est-ce que j'ai fait ?". Les rôles sont inversés dans la version de Sabrina Kouider. Elle a témoigné s'être "endormie" peu avant la mort de la jeune fille avant d'être alertée par son compagnon.

Le corps carbonisé a été retrouvé par les pompiers, le 20 septembre, dans le jardin du couple, dans le sud-ouest de Londres. Il présentait de multiples fractures au sternum, aux côtes et à la mâchoire mais en raison des brûlures, la cause exacte de la mort n'a pas pu être déterminée.

"Je n'ai rien à voir avec le meurtre de Sophie (...) Quand je me suis réveillée je l'ai vu lui à côté du corps, c'est la vérité", a clamé Sabrina Kouider, la voix tremblante, au bord des larmes. "C'était effrayant, une situation choquante, je ne pouvais même pas parler, je n'avais pas de mot en la voyant sur le sol. J'ai dit 'qu'as-tu fait?', 'qu'as-tu fait?', mais il ne voulait pas (la tuer), a-t-elle poursuivi.

Sabrina Kouider admet seulement avoir frappé Sophie. Mais pour le procureur, il ne fait aucun doute que "ce n'était pas un accident". Selon lui, les accusés se sont "accordés pour tuer Sophie". "Je n'ai pas tué Sophie! Je n'ai pas tué Sophie! Je n'arrête pas de le répéter", a vivement répondu l'accusée. "Je n'avais pas l'intention de tuer Sophie. Pourquoi tuerais-je Sophie?" Elle a seulement admis l'avoir frappée avec un câble électrique à une reprise: "Je regrette tellement, je n'ai jamais fait une chose pareille de ma vie, je ne sais pas ce qui m'a pris".

Les deux accusés plaident non coupable pour le chef d'accusation de meurtre. Ils ont en revanche plaidé coupable d'entrave à la justice pour avoir tenté de se "débarrasser" du corps "en le brûlant". Leur procès a débuté le 19 mars et doit se poursuivre jusqu'à la semaine prochaine.