Pourquoi Noriega est jugé en France ?

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L’ancien dictateur a été condamné en 1999 à dix ans de prison pour blanchiment d’argent.

En 1999, Manuel Noriega, l’ex-dictateur du Panama, a été condamné en son absence en France à 10 ans de prison et 11,2 millions d'euros d'amende pour un certain nombre d’infractions financières, dont du blanchiment d’argent. Extradé depuis les Etats-Unis, il devrait être rejugé par la justice française.

Pourquoi la France s’intéresse-t-elle à Noriega ? "Pour des infractions commises en lien avec la France, puisque que ce sont des infractions financières et liées au trafic de stupéfiants, de manière internationale", explique Guillaume Didier, porte-parole du ministère français de la justice. Dans le détail, Manuel Noriega, ainsi que plusieurs de ses proches, auraient ouvert des comptes dans des banques en France pour recevoir des fonds.

Manuel Noriega protégé ?

Pour les avocats de l’ex-général panaméen, il est cependant impossible de le juger en France. Me Leberquier a cité notamment "l'immunité dont bénéficie le général Noriega comme ancien chef d'Etat" et "la prescription des faits" reprochés, qui remontent aux années 1980. L’avocat a aussi mis en avant le statut de "prisonnier de guerre", accordé à Noriega aux Etats-Unis. Il s'applique aussi en France et il "devrait lui permettre d'avoir des conditions de détention dignes d'un prisonnier de guerre, ce que en l'état les prisons françaises ne peuvent absolument pas présenter".

Pour toutes ces raisons, les avocats de Manuel Noriega vont demander "que la justice française se déclare incompétente". Mais elle n’est pas la seule à s’être intéressée à l’ex-dictateur. Aux Etats-Unis, Manuel Noriega a déjà purgé une peine de 17 ans de prison, notamment pour trafic de drogue.

La justice du Panama attend

De son côté, le Panama le réclame aussi. "Nous n'allons pas insister par les voies diplomatiques et légales pour que M. Noriega revienne dans son pays pour faire face à trois condamnations de la part de la justice du Panama", a indiqué le ministre panaméen des Affaires étrangères. Car dans son pays, l’ex-dictateur risque encore 20 ans de prison pour atteinte aux droits de l'Homme.