Pourquoi le Venezuela se déchire

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avec AFP
ON REMBOBINE - Retour en sept questions sur la crise qui agite le Venezuela depuis début février.

LA GRONDE. Des rassemblements quasi-quotidiens qui se sont soldés par la mort d’au moins dix personnes en trois semaines et des centaines de milliers de partisans et d’opposants au pouvoir mobilisés dans tout le pays samedi dernier : depuis le 4 février, le Venezuela est secoué par une vague de manifestations massives. Europe1.fr vous explique ce qui se passe au Venezuela, où le président Nicolas Maduro fait face à la crise la plus grave depuis qu’il a succédé à Hugo Chavez en 2013.

Comment la contestation a-t-elle commencé ? C’est une tentative de viol subie par une étudiante dans une université de San Cristobal, dans l’État de Tachira, à l’ouest du pays, qui a mis le feu aux poudres. Dès le lendemain, des étudiants étaient dans la rue pour dénoncer l’insécurité sur le campus. Et le mouvement s’est rapidement propagé à d’autres villes, y compris la capitale, Caracas.

Manifestation à Caracas

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Que veulent les manifestants ? Les revendications aussi se sont étendues. Outre l’insécurité, les manifestants dénoncent la crise économique, les pénuries de nourriture et de produits de base, ainsi que la répression policière et la censure des médias. Ils réclament également la libération des manifestants arrêtés.

Comment les violences sont-elles apparues ? Dès le 6 février, des incidents graves ont pu être observés, avec des attaques à coups de pierre et de cocktails Molotov contre le siège du gouvernement de l’État de Tachira. Mais c’est le 12 février qu’un palier a été franchi, lors d’affrontements entre pro et anti-gouvernement qui se sont soldés par la mort de trois personnes à Caracas. Depuis la mobilisation est marquée par des heurts nocturnes entre jeunes radicaux et forces de l’ordre. Au total, le bilan depuis le début de la contestation s’élève à dix morts. A San Cristobal, le gouvernement a même décidé de déployer un "bataillon de parachutistes".

Qui est le visage de la contestation ? Les manifestants se sont trouvé un meneur en la personne de Leopoldo Lopez, économiste de 42 ans, diplômé de Harvard et fondateur du parti de droite Voluntad Popular. Accusé d’incitation à la violence, il est détenu depuis le 12 février dans une prison militaire. Son mot d’ordre est clair : "la sortie". Et dans une vidéo enregistrée avant son arrestation, il livrait un message sans ambigüité à ses troupes : "notre cause doit être le départ de ce gouvernement".

Le principal chef de file de l’opposition au gouvernement, Henrique Capriles, a condamné la violence et, bien que solidaire du mouvement, il n’y participe pas directement.

Comment le pouvoir a-t-il réagi ? Nicolas Maduro, le dauphin du socialiste Hugo Chavez, s’en tient depuis le début à sa rhétorique habituelle et dénonce des ingérences de pays extérieurs. Trois diplomates américains, accusés d’aider les manifestants, ont ainsi été expulsés du pays. Le chef de l’État s’en est aussi pris violemment à la chaîne américaine CNN, accusée de donner l’image d’un pays en pleine "guerre civile". Mais le président vénézuélien a aussi accusé la Colombie d’interférer dans les affaires de son pays, et a interdit la chaîne colombienne NTN24 d’émettre au Venezuela. La riposte s’est aussi faite dans la rue, avec des manifestations en réponse à l’opposition.

Manifestation contre la censure au Venezuela

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Pourquoi les affrontements se font-ils aussi sur le web ? Privés de chaînes étrangères et frustrés par les médias locaux subordonnés au pouvoir, les Vénézuéliens se sont reportés vers les réseaux sociaux pour s’informer sur le mouvement. Résultat : des milliers de photos, de vidéos et de tweets inondent la toile.

Cet engouement n’a évidemment pas échappé au gouvernement, qui a lui aussi mobilisé ses partisans sur le réseaux sociaux, à coup de hashtags dénonçant des attaques "fascistes".

Que va-t-il se passer maintenant ? Nicolas Maduro a annoncé la tenue d’une "conférence nationale de paix" mercredi prochain, "avec tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux". Il doit aussi rencontrer Henrique Capriles lundi. Mais en attendant, les appels à manifester se poursuivent.

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