Polanski ne veut "plus se taire"

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Le réalisateur publie un texte dans lequel il conteste son extradition.

"J’ai décidé de rompre le silence pour m’adresser directement à vous sans intermédiaires et avec mes propres mots". Roman Polanski, silencieux depuis 7 mois, rend public un texte dans lequel il livre notamment des arguments contre son extradition. Ce texte a été confié à son ami Bernard Henri-Lévy qui l'a mis en ligne sur le site de sa revue. Le philosophe avait été le premier à lancer une pétition mondiale de soutien à Roman Polanski. La semaine dernière, il a contesté la décision de la justice californienne rejetant les recours de Polanski.

Une extradition "basée sur un mensonge"

"Je ne peux plus me taire car la demande d’extradition aux Autorités Suisses est basée sur un mensonge", explique le cinéaste. "Le nouveau procureur qui s’occupe de cette affaire et qui a demandé mon extradition est lui (...) en campagne électorale et a besoin de notoriété médiatique..!", poursuit Polanski, ajoutant : "je ne peux plus me taire parce que les Etats-Unis continuent de réclamer mon extradition plus pour me livrer en pâture aux médias du monde entier que pour prononcer un jugement sur lequel un accord a été pris il y a 33 ans".

Fin avril, les Etats-Unis avaient refusé sa demande de jugement par contumace. Le cinéaste fait depuis l'objet d'une demande d'extradition des Etats-Unis. Une précédente requête avait déjà été rejetée par un juge de Los Angeles en janvier dernier. La Suisse, où le cinéaste est assigné à résidence, avait alors indiqué qu'elle ne statuerait sur l'extradition du Franco-Polonais qu'après qu'une décision définitive de la justice américaine sur le jugement par contumace soit rendue.

Lundi, un porte-parole du ministère suisse de la justice s'est exprimé sur les dernières paroles de Roman Polanski, en déclarant "qu'il incombe aux autorités américaines d'examiner" les accusations du cinéaste. "Selon le traité bilatéral d'extradition entre la Suisse et les Etats-Unis, selon la loi sur l'entraide judiciaire et selon la jurisprudence du Tribunal fédéral, ce qui est déterminant, c'est l'exposition des faits dans la demande formelle d'extradition".

Il a fui les Etats-Unis en 1978

Le réalisateur de "Chinatown", de "Rosemary's Baby" et du "Pianiste" avait été arrêté le 26 septembre 2009 à son arrivée à Zurich sur mandat d'arrêt américain pour des "relations sexuelles illégales" avec une adolescente de 13 ans en 1977. Il s'était enfui du territoire américain en 1978 juste avant l'audience sur sa peine, expliquant qu'il craignait à l'époque que le juge revienne sur un accord selon les termes duquel il serait condamné aux 42 jours qu'il avait déjà passés derrière les barreaux pour des expertises psychiatriques.

Ses avocats demandaient que la justice le condamne par contumace à cette peine qu'il avait effectuée en vertu de son accord de plaider-coupable, ce qu'a refusé la cour d'appel.

La victime également déboutée

La justice américaine avait également débouté la victime, Samantha Geimer, aujourd'hui mère de trois enfants établie à Hawaï, de sa demande d'abandon des poursuites. Samantha Geimer dit souffrir d'être à nouveau sous les feux de l'actualité depuis le retour au premier plan de cette affaire.