Philippines : un ex-policier admet l'existence d'escadrons de la mort pour lutter contre les trafics de drogue

Le policier à la retraite, Arturo Lascanas, lors de son audition par une commission d'enquête du Sénat philippin, le 6 mars.
Le policier à la retraite, Arturo Lascanas, lors de son audition par une commission d'enquête du Sénat philippin, le 6 mars. © TED ALJIBE / AFP
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avec Reuters , modifié à
Les opposants accusent le président Rodrigo Duterte d'avoir mis en place ces escadrons dans sa lutte contre les trafics de drogue. 

Un policier philippin à la retraite a affirmé lundi avoir tué près de 200 personnes au sein d'un "escadron de la mort" mis en place par le président Rodrigo Duterte lorsque ce dernier était maire de la ville de Davao.

"Laver sa conscience". Arturo Lascanas, entendu par une commission d'enquête au Sénat, est le second témoin à accréditer les liens présumés entre Duterte et des escadrons de la mort. En octobre, l'ex-policier avait démenti les accusations d'exécutions extrajudiciaires. Il a expliqué lundi avoir alors menti pour protéger sa famille et parce que, a-t-il dit, la police lui avait intimé l'ordre de "tout démentir". "Je craignais pour la vie de mes proches", a-t-il expliqué, ajoutant avoir décidé de dire la vérité pour "laver sa conscience".

Son dernier meurtre remonte à 2015. Il a ajouté avoir personnellement tué quelque 300 personnes, dont les deux tiers en mission au sein d'un "escadron de la mort de Davao". Son dernier meurtre, a-t-il dit, remonte à 2015. Duterte a été maire de cette grande ville du sud des Philippines pendant 22 ans, jusqu'à son élection à la présidence en mai dernier. Ses partisans assurent que les allégations liées à de prétendus escadrons de la mort sont un complot visant à la discréditer.

Des groupes de défense des droits de l'homme ont réuni des éléments sur 1.400 meurtres suspects commis à Davao sous l'administration de Duterte. Les adversaires du nouveau président l'accusent d'avoir mis en place des pratiques similaires à l'échelle nationale dans le cadre de la lutte contre les trafics de drogue. Depuis son accession au sommet de l'Etat, plus de 8.000 personnes ont été tuées aux Philippines par de mystérieux tireurs.