Pédophilie : des victimes américaines exigent la transparence au Vatican

L'ex-ambassadeur du Vatican aux États-Unis a accusé le pape François d'avoir couvert les abus sexuels d'un cardinal américain.
L'ex-ambassadeur du Vatican aux États-Unis a accusé le pape François d'avoir couvert les abus sexuels d'un cardinal américain. © GREGORIO BORGIA / POOL / AFP
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avec AFP
Des associations américaines de victimes de prêtres pédophiles ont dénoncé une politique "d'étouffement systématique" par l'Église catholique. 

Des associations américaines de victimes de prêtres pédophiles ont réclamé jeudi que le Vatican rende public le dossier concernant un ancien prélat accusé d'agressions sexuelles, dénonçant une politique "d'étouffement systématique" par l'Église catholique.

Cet appel intervient après la diffusion samedi d'une lettre ouverte de l'ex-ambassadeur du Vatican aux États-Unis, Carlo Maria Vigano, qui a accusé le pape François d'avoir couvert les abus sexuels du cardinal américain Theodore McCarrick commis il y a plusieurs décennies.

Le cardinal de 88 ans a démissionné fin juillet. Cette accusation a jeté le trouble au sein de l'Église, partagée entre la tendance libérale prônée par le pape argentin et un courant ultra-conservateur opposé au souverain pontife. Le cardinal McCarrick, 88 ans, a démissionné fin juillet même s'il nie les accusations. Évêque et archevêque dans l'archidiocèse de New York avant de partir pour Washington en 2001, il était l'un des cardinaux américains les plus en vue à l'étranger.

Les courants libéraux et conservateurs de l'Église en question. Le dossier contre le prélat "souligne des faits concernant comment le pape François et deux autres papes, Benoît et Jean-Paul, ont couvert les abus sexuels d'un religieux et cela va nous apporter des réponses", a affirmé Peter Isley, responsable de l'association Mettre fin aux abus du clergé (ECA USA). Lors d'une conférence de presse devant l'ambassade du Saint-Siège à Washington, il a rejeté dos à dos les courants "libéral et conservateur" de l'Église.

"Il existe un réseau criminel au sein de l'Église catholique". Dans sa lettre, Carlo Maria Vigano "met les viols et les agressions sur le compte des homosexuels, il lie l'orientation sexuelle et le comportement criminel, c'est entièrement faux, complètement inacceptable et immoral", a dénoncé Peter Isley. "Il existe un réseau criminel au sein de l'Église catholique (...) qui est couvert par des évêques des deux camps (et qui) doit être exposé et faire l'objet de poursuites, et le dossier (McCarrick) éclaircira cela", a-t-il affirmé.

Dans le contexte du scandale d'abus sexuels en Pennsylvanie. Becky Ianni, responsable du Réseau des survivants aux abus des prêtres (Snap) a pour sa part dénoncé "la couverture systématique des agressions sexuelles (...) qui fait partie intégrante de la façon de faire du Vatican". L'Église catholique américaine est par ailleurs secouée depuis quelques semaines par un scandale d'abus sexuels en Pennsylvanie, perpétrés par plus de 300 "prêtres prédateurs" qui auraient agressé sexuellement au moins mille enfants. La lettre de MCarlo Maria Vigano "semble être très opportuniste", a commenté Pamela Spees, avocate de Snap, demandant une enquête fédérale sur les accusations envers l'Eglise et sur la façon dont des prêtres convaincus de pédophilie ont échappé aux poursuites judiciaires en étant mutés à l'étranger.