"Pays divisé" et "opportunités manquées" : les Midterms vues par la presse américaine

La presse américaine décortique les Midterms mercredi.
La presse américaine décortique les Midterms mercredi. © Montage Europe 1
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Au lendemain des élections de mi-mandat, la presse américaine dresse un constat mi-figue mi-raisin de cette séquence politique qui voit les Démocrates reprendre la Chambre des représentants.

Les Midterms ont rendu leur verdict : mardi, lors des élections législatives américaines de mi-mandat, les Démocrates ont repris aux Républicains la Chambre des représentants mais les alliés de Donald Trump ont conforté leur majorité au Sénat. Un nouvel équilibre des pouvoirs évidemment très commenté par la presse américaine. Pessimistes devant un pays "aussi divisé qu’en 2016", voire plus, les journaux s’interrogent sur la capacité du président à manœuvrer face à une opposition nouvelle.

Hommage aux femmes. "Le président Trump n’avait pas tant besoin de gagner mardi que d’éviter un désastre. C’est ce qui est arrivé", résume clairement le Wall Street Journal. En effet, si les Républicains ont perdu la Chambre des représentants, comme attendu, ils n’ont pas subi de "vague bleue" démocrate. Reste que, pour le New York Times, en plébiscitant les Démocrates, les habitants des grandes villes et des banlieues, ont envoyé "un message clair à la Maison-Blanche : ils veulent contrôler le président".

Le quotidien new-yorkais rend également un hommage appuyé aux femmes, "qui ont obtenu de nombreuses victoires et aidé les Démocrates à conquérir des sièges supposés inaccessibles". Cette vague féminine est "l’aboutissement de deux ans de colère, de frustration et d’activisme des femmes révoltées par l’élection et la présidence de Donald Trump", note le New York Times.

Combat politique acharné en vue. Au-delà des chiffres, les Midterms ont mis une nouvelle fois en lumière une Amérique fracturée. "Le pays ressemble à ce qu’il était quand Donald Trump a remporté sa victoire surprise en 2016 : profondément divisé sur le plan politique et sur la personnalité du 45ème président", estime le Wall Street Journal, carte détaillée à l’appui. Pour le quotidien conservateur, les divisions se sont même accrues après les élections de mardi avec des "régions démocrates toujours plus opposées au président et des secteurs républicains de plus en plus loyaux".

" Les Démocrates vont devoir prouver qu’ils ont envie de gouverner "

Des divisions qui vont désormais rythmer la vie politique américaine puisque Donald Trump ne bénéficie plus du plein soutien du Congrès. "Le président va devoir choisir entre le combat ouvert, qui a déchiré Washington ces dernières années, et une tentative de conciliation par la main tendue qui n’a guère marqué son mandat jusqu’ici", souligne le New York Times, qui rappelle que Donald Trump est "combatif par nature et plus à l’aise dans le combat".

Que vont faire les Démocrates de leur pouvoir ? Tous les grands quotidiens nationaux insistent lourdement sur les enquêtes parlementaires qui devraient être lancées par la Chambre des représentants, désormais aux mains des Démocrates. "Sans majorité républicaine (au Congrès, ndlr) pour le protéger, la nouvelle Chambre pourrait fouiller plus loin dans les affaires personnelles et politiques de Donald Trump", estime le New York Times. Le journal donne l’exemple des déclarations de revenus que le président a toujours refusé de rendre publiques mais qui intéressent grandement les Démocrates.

Les élections passées, les journalistes politiques américains scrutent déjà l’avenir. "Si les Démocrates veulent reconquérir la Maison-Blanche en 2020, ils vont devoir prouver qu’ils ont envie de gouverner", estime le New York Times, sous-entendant que la nouvelle majorité bleue à la Chambre ne devra pas se contenter de bloquer les réformes du président. Le quotidien délivre plusieurs conseils aux nouveaux élus démocrates : "Choisir minutieusement les batailles législatives", "Ne pas parler d’impeachment (destitution, ndlr) pour l’instant", "Ne pas s’emballer avec les enquêtes parlementaires" et "Chouchouter les futurs leaders du parti".

" Les Républicains devraient se demander comment ils ont réussi à perdre la Chambre des représentants "

Tout le monde pouvait espérer mieux. Le Washington Post s’interroge quant à lui sur les "opportunités manquées" de ces Midterms. "Les Républicains devraient se demander comment, avec un chômage au plus bas et une croissance au plus haut, ils ont réussi à perdre la Chambre des représentants", écrit l’éditorialiste Megan McArdle, estimant que "le comportement erratique et vulgaire de Trump a produit une vague de dégoût dans les banlieues et coûté leur siège à de nombreux Républicains".

Quant aux Démocrates, pour l’éditorialiste du Washington Post, "ils peuvent regarder le Sénat avec mélancolie". Certes, la carte électorale ne leur était pas favorable (il s’agissait majoritairement d’États pro-Trump qui étaient soumis au vote cette année) mais "ils auraient dû remporter quelques duels-clés, comme en Floride et en Indiana". Si les Républicains ont conforté leur majorité au Sénat, c’est certainement à cause de "l’acrimonie des sénateurs Démocrates, trop prompts à condamner Brett Kavanaugh", le candidat de Donald Trump à la Cour Suprême, accusé d’agressions sexuelles mais finalement élu.

Trump repart en campagne. Enfin, quid de Donald Trump ? Finalement peu affaibli sur le plan politique par la perte de la Chambre des représentants, il devrait se concentrer très rapidement sur sa réélection en 2020, rapporte le Washington Post. Selon le quotidien, le président, galvanisé par sa campagne pour les Midterms, prévoit déjà d’organiser de nouveaux meetings "Make America Great Again" dès le début de l’année prochaine. Le journal souligne tout de même que le président s’est contenté de visiter des "terres conservatrices où il reste populaire", une stratégie valable pour les élections de mi-mandat mais pas pour la présidentielle.