Pays basque : ETA dissous mais "la réconciliation" doit suivre

Des experts internationaux sont réunis vendredi à Cambo-les-Bains pour acter la dissolution de l'ETA.
Des experts internationaux sont réunis vendredi à Cambo-les-Bains pour acter la dissolution de l'ETA. © IROZ GAIZKA / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
À l'occasion d'une conférence internationale pour la paix au Pays basque pour acter la dissolution de l'ETA, un appel à la "réconciliation" a été lancé. 

Les experts internationaux réunis vendredi à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour acter la dissolution de l'organisation indépendantiste basque ETA ont lancé un appel à la "réconciliation" en "tournant la page" de la dernière insurrection armée d'Europe occidentale. "Aujourd'hui est un jour de célébration", a lancé l'avocat sud-africain Brian Currin en ouvrant cette "rencontre internationale pour avancer dans la résolution du conflit au Pays basque". "Mais ce n'est pas terminé", a-t-il prévenu.

"Construire la paix".L'autodissolution de l'ETA annoncée la veille à Genève est aussi "un engagement à prendre part au processus démocratique" des institutions espagnoles, "ce qui nécessitera la réconciliation", a insisté l'avocat de 67 ans. "La colère n'est pas une politique, la vengeance n'est pas une solution", a mis en garde le Nord-Irlandais Gerry Adams, ancien dirigeant du Sinn Fein pendant 34 ans, qui milite contre la souveraineté britannique en Ulster. "Construire la paix est bien plus difficile" que faire la guerre" et "le point de départ doit être le dialogue", a-t-il ajouté, en rappelant le processus suivi par le Sinn Fein en Irlande du Nord.

Rajoy veut "penser aux victimes". "Les condamnations continueront à être exécutées" et "il n'y aura pas d'impunité", a déclaré le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, vendredi. "Aujourd'hui, alors que l'ETA a enfin annoncé sa dissolution, il faut que nos pensées soient pour les victimes", a-t-il dit, citant le chiffre de 853 morts, selon le dernier décompte du gouvernement. "J'invite toute la société espagnole à se souvenir (des victimes) une par une dans la singularité unique de leurs vies arrachées (...) Ce n'est pas une statistique, ce sont des personnes", a-t-il souligné.

"Beaucoup à faire pour guérir les blessures". "Nous vivons une journée historique, nous vivons la fin du dernier conflit en Europe", a estimé dans une déclaration lue à la tribune, l'ancien secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, l'un des parrains du processus. "La déclaration d'ETA marque la fin de l'histoire difficile de l'Espagne (et) montre que le dialogue politique est durable alors qu'il reste beaucoup à faire pour guérir les blessures", a-t-il ajouté. Plusieurs intervenants ont regretté l'absence de tout représentant des gouvernements français et espagnol et Gerry Adams a demandé à Madrid de "donner des signes positifs en faveur des prisonniers" basques, dernier point à régler par les deux capitales.

Un point final. Aboutissement d'une lente scénographie, cette conférence est censée clore toute une série d'annonces qui depuis plus d'un mois martèlent le même message via plusieurs canaux médiatiques : ETA (Euskadi Ta Askatasuna, soit "Pays Basque et Liberté"), créée en 1959, s'autodissout, un an après avoir rendu les armes le 8 avril 2017. Jeudi, l'ETA a diffusé une "déclaration finale" annonçant que l'organisation clandestine avait "démantelé l'ensemble de ses structures" et mis "fin à toute activité politique". Avec 829 morts qui lui sont imputés, l'ETA, à coups d'enlèvements et d'attentats, a tenté sans succès d'obtenir l'indépendance du Pays basque et de la Navarre pour finir décimée par les arrestations de ses chefs, et rejetée par la majorité de la population.