Pas de visa pour les Gbagbo

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
L’UE sanctionne Laurent Gbagbo et ses proches. Ils sont interdits de séjour dans l’Union.

Pas de séjour en Europe pour les Gbagbo. L'Union européenne a décidé lundi de sanctionner Laurent Gbagbo, son épouse ainsi que 17 autres proches, en les privant de visas d'entrée sur son territoire, face au refus du président ivoirien auto-proclamé de quitter le pouvoir.

Un accord sur ce sujet a été trouvé à Bruxelles entre des représentants des 27 pays de l'Union européenne, réunis au sein de deux groupes d'experts sur l'Afrique et sur les Relations extérieures. "Il y a 19 noms sur la liste (des personnes visées par les sanctions), et cela inclut le président Gbagbo", a déclaré la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancic. Le gouvernement Gabgbo a déjà fait savoir que pour lui ces sanctions prêtaient à "sourire".

"Sa femme aussi", Simone, y figure, a-t-elle ajouté lors d'un point de presse, confirmant des informations données préalablement par des sources diplomatiques. L'UE cible aussi sa seconde femme, un ex-journaliste, Nadiana - dite "Nady" - Bamba, épousée selon la tradition malinké. Mais au-delà, les Européens ont ciblé des membres du premier cercle du pouvoir, comme Désiré Tagro, l'ancien secrétaire général de la présidence. Pierre Brou Amessan, patron de la radio-télévision d'Etat RTI - convoitée par le camp Ouattara - est également visé.

Pour entrer en vigueur, la décision doit encore être validée formellement d'ici mercredi en milieu de journée (délai de 48 heures) par les gouvernements européens par le biais d'une procédure écrite. Les capitales doivent confirmer par lettre qu'elles sont bien d'accord.

D’autres sanctions en perspective

Le président français Nicolas Sarkozy avait lancé vendredi à Bruxelles un ultimatum à Laurent Gbagbo, l'enjoignant de quitter le pouvoir d'ici dimanche soir sous peine d'être frappé par les sanctions à l'étude au sein de l'Union européenne. "Laurent Gbagbo et son épouse ont leur destin entre leurs mains. Si avant la fin de la semaine Laurent Gbagbo n'a pas quitté le poste qu'il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien, ils seront nommément sur la liste des sanctions", avait déclaré le chef de l’Etat à l'issue d'un sommet européen.

Ces sanctions de l'UE concernent d'une part des restrictions sur l'octroi de visas, d'autre part des gels d'avoirs. "Dans un premier temps, il a été décidé d'imposer les seules interdictions de visas car c'est plus simple à mettre en place. Les gels d'avoirs viendront, mais la procédure est plus lourde" à mettre en place, a affirmé un diplomate européen.

Pas d’évacuation des expatriés français

Malgré cette montée des tensions, Paris n'envisage aucune évacuation des ressortissants français installés en Côte d’Ivoire. Mais la vigilance est de mise pour ces 15.000 Français. Les 950 soldats français du dispositif Licorne déployés en Côte d'Ivoire sont "en capacité" d'évacuer ces ressortissants si nécessaire, a rappelé dimanche la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.

Les Etats-Unis, eux, n’ont pas attendu. Washington a ordonné dimanche l'évacuation du personnel non essentiel de l'ambassade des Etats-Unis en Côte d'Ivoire en invoquant des risques croissants de violences. Pour le moment, Paris déconseille seulement à ses ressortissants de se rendre en Côte d'Ivoire et demande à ceux qui sont présents de se conformer aux mesures de sécurité.

Quant aux Nations Unies, le Conseil de sécurité de l'ONU a prolongé lundi de six mois le mandat de sa force en Côte d'Ivoire, au risque d'une "confrontation dangereuse" avec les forces du régime de Laurent Gbagbo qui avait exigé son départ. L'ONU a brandi la menace de nouvelles "sanctions ciblées" contre ceux qui menacent la paix et le processus électoral en Côte d'Ivoire, où le Conseil de sécurité envisage de déployer davantage de troupes.