Pape François : "S'il travaille 16 heures par jour, il ne durera pas"

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Noémi Marois
RELIGION - Deux ans après le début du pontificat de François, "le problème est de savoir combien de temps va-t-il durer" explique à Europe 1 l'historien Odon Vallet.

Deux ans et une popularité sans égale pour le pape argentin. Aux Etats-Unis, neuf catholiques sur dix le plébiscitent. Dans l'Hexagone, ce sont 9 Français sur 10, croyants ou pas, qui ont une bonne opinion de lui. Pourtant, avec sa réforme de la Curie au Vatican mais aussi celle de l'Eglise pour répondre aux nouveaux défis de la famille, Jorge Bergoglio, devenu François le 13 mars 2013, marche sur des œufs et s'attire les foudres des évêques et cardinaux les plus conservateurs. Europe 1 fait le point sur ce pape pas comme les autres avec Odon Vallet, historien des religions. 

Un faiseur de réforme. "Le pape François est comme Gorbatchev, il ne verra pas le fruit de ses réformes mais il les commence", expose l'historien.  "Le fruit de ses réformes, on les verra sous Jean-Paul III ou Jean XXIV", prédit-il. Pour Odon Vallet, "le problème est de savoir combien de temps va durer ce pape qui a des problèmes de hanche et de poumons". "C'est un gros travailleur très consciencieux, qui bosse autant que mes petits élèves de classes préparatoires qui ont 18 ans mais lui, en a 78". 

Un successeur à son image. "S'il s'en va en 2016, ses réformes échoueront car il a une majorité d'évêques et de cardinaux contre lui", estime l'historien. En effet, tout n'est qu'un'"un problème de maths", explique-t-il sur Europe1. "François peut nommer 15 cardinaux en tout par an", alors, "s'il tient encore cinq ans, il aura la majorité des deux tiers au conclave pour élire un successeur dans sa lignée". 

Et pour renouveler les évêques, il faudra "huit à dix ans pour qu'une majorité d'évêques soit conforme à son souci pastoral qui est de n'exclure personne en fonction de ses origines". Aujourd'hui, des prêtres refusent d'obéir au pape, par exemple, lorsque ce dernier demande à ce que les enfants de famille monoparentale soient baptisés, explique Odon Vallet.

Se ménager pour durer. Mais pour opérer ces renouvellements nécessaires à la survie de ses réformes, "il faudrait qu'il se ménage un peu pour durer", conseille le spécialiste des religions. "Car s'il continue à travailler 16 heures par jour en se levant à 4 heures et demi du matin, il ne tiendra pas le coup".

Le pape François avait déjà prévenu qu'il se retirerait avant sa mort. Il a précisé vendredi avoir "la sensation" que son pontificat "va être bref". Et d'évoquer "quatre ou cinq ans. Ou deux ou trois".

Pas de passage en force. Odon Vallet écarte néanmoins la possibilité d'une accélération dans les réformes. En effet, il n'y a pas de "49-3" papal dans les outils de François pour réformer l'Eglise. "Le pape a l'infaillibilité pontificale mais elle est utilisée une à deux fois par an" seulement, tempère l'historien. Et si François l'utilise pour autoriser le remariage des divorcés ou l'accueil des homosexuels, "il y aura un schisme, c'est-à-dire que l'Eglise se divisera en deux", prédit l'historien. 

Avec les Africains, mieux communiquer. L'adversaire le plus dangereux de François est, selon Odon Vallet, "le cardinal guinéen Robert Sarah". Et "la majorité des évêques africains" lui est actuellement opposée. L'historien conseille donc au pape de "faire des progrès en communication". 

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