Pakistan : Imran Khan, jet set et glamour

La cote de l'ancienne vedette de cricket Imran Kahn connaît un sursaut au Pakistan à la veille des élections législatives de samedi.
La cote de l'ancienne vedette de cricket Imran Kahn connaît un sursaut au Pakistan à la veille des élections législatives de samedi. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP
PORTRAIT - L'ancien champion de cricket est engagé dans la course aux élections législatives qui a lieu samedi.

L'INFO. La campagne des législatives au Pakistan a été particulièrement violente : une série d'attaques menées par les islamistes talibans ont fait plus de cent morts et l'un des fils de l'ancien Premier ministre, Yousuf Raza Gilani a été enlevé. Dans ce chaos politique ambiant, une figure surnage. Imran Khan, l'étoile montante de la politique pakistanaise et fondateur du Mouvement du Pakistan pour la justice (PTI, nationaliste et centriste), fait figure de trublion face aux poids lourds que sont les partis traditionnels du PPP (gauche) du clan Bhutto et le PML-N (conservateur) de l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, le favori de ces élections.

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Sa chute fait la "Une". Et pourtant dans cette dernière ligne droite de la campagne, ses médecins ont conseillé mercredi à Imran Kahn de rester au lit. La veille, il a chuté d'un monte-charge qui devait le déposer sur la scène lors d'un meeting devant des milliers de partisans à Lahore, la deuxième ville du pays. Bilan : deux vertèbres fracturées et une blessure mineure à la tête.

Sa chute :

La violente chute du politicien pakistanais...par lemondefr

Doté d'un habile sens politique, Imran Kahn a su tirer profit de cet accident. Les images du "héros" national, 60 ans, le visage ensanglanté, transporté à bras le corps par des membres de son entourage jusqu'à sa voiture, ont bouleversé le pays. Preuve qu'il compte désormais dans le paysage politique pakistanais, les grands partis ont même marqué une pause mercredi.

Imran Kahn, qui a quitté l'unité des soins intensifs pour une chambre privée, avait accordé une interview à un journaliste d'une chaîne locale tard mardi soir, couché sur son lit d'hôpital, le cou enserré par des attelles. Il n'hésite pas à "sortir les violons" : "j'ai fait ce que j'ai pu pour ce pays. Rappelez-vous, le 11 mai, il faut sortir de chez vous et voter pour le PTI sans vous préoccuper de vos candidats locaux. Votez seulement pour le PTI et ses idées", a-t-il soufflé au micro.

Cricket et glamour. Si tant est qu'il le fallait encore, Imran Kahn a donc gagné en sympathie. Mais avant cet accident, cette ancienne star du cricket était déjà très populaire au Pakistan. Il est idolâtré par des millions de Pakistanais depuis qu'il mena l'équipe nationale de cricket, le sport roi dans le pays, à sa seule victoire en Coupe du monde en 1992. Doté d'un physique avantageux, son allure toujours sportive sous sa crinière brune, malgré la patine du temps, est considérée comme très glamour au Pakistan.

Ses souvenirs de cricket :

L'homme incarne aussi la réussite. Né en 1952, dans une riche famille, Imran a étudié dans les meilleures universités pakistanaises et anglaises, dont Oxford où il a été diplômé. Après sa brillante carrière dans le cricket, il a entamé ses années "play boy" très entouré dans les boîtes de nuits les plus sélectes de Londres. Il a fini par se marier avec Jemima Goldsmith, fille du magnat financier franco-britannique Jimmy Goldsmith, en 1995. Elle s'est convertie à l'islam, et le couple s'est installé chez la famille Khan à Lahore. Ils ont eu deux garçons mais ont divorcé en 2004, en raison, semble-t-il, des difficultés d'adaptation de Jemima au Pakistan.

Imran Kahn jouit également d'un capital sympathie pour ses projets de charité, notamment en fondant, à Lahore, le meilleur hôpital de traitement du cancer dans le pays.

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© Reuters

"Taliban Khan". Côté face, ses plus féroces détracteurs le surnomment "Taliban Khan" en le décrivant comme un dangereux démagogue populiste et conservateur et, comme un naïf qui éreinte l'Amérique mais épargne les extrémistes talibans en croyant que cela va améliorer la situation. Pendant la campagne, il a été épargné par les attentats talibans qui ont surtout visé les partis laïcs du gouvernement sortant, de sanglantes attaques qu'Imran Kahn s'est gardé de condamner.

La classe moyenne dans le viseur. Mais le champion gagne du terrain au sein de la jeune classe moyenne urbaine, lassée des vieux partis traditionnels mais dont on ignore si elle ira voter en masse samedi. "La révolution est en marche", a-t-il assuré en marge d'un meeting dans son Pendjab natal, la province la plus peuplée du pays. "Nous voterons Imran car c'est un homme neuf, et parce que tous les autres ont échoué", fut sans doute la phrase la plus entendue chez ses supporteurs, souvent jeunes, lors des meetings où leur leader a électrisé les foules.

Ses slogans sont simples : changer le pays, remettre à sa place la richissime élite qui confisque le pouvoir, éradiquer la corruption, résoudre la crise énergétique, tenir tête à Washington trop pressant sur la lutte contre le terrorisme et tenter de discuter avec les rebelles islamistes talibans.