Otages au Sahel: l'impatience des familles

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Depuis plusieurs mois d’octobre, les familles des otages détenus au Sahel changent de stratégie.

"Trois Noël dans le désert, c'est trop, c'est insupportable !" A l’approche des fêtes de fin d’année, la famille de Daniel Larribe, un des quatre otages français enlevés au Niger en septembre 2010, a décidé de passer à l’action.

Des courriels aux sénateurs et députés

Elle appelle tous ses amis à expédier à leur député et à leur sénateur un courriel de Marion Larribe, fille du salarié d'Areva enlevé à Arlit, précédé de la mention manuscrite "Trois Noël dans le désert, c'est trop, c'est insupportable !", a fait savoir la belle-sœur de l’otage, Laurence Dailly, qui habite Saint-Céré dans le Lot.

Les familles des otages français, notamment ceux retenus au Sahel, étaient restées très discrètes pendant deux ans, laissant le soin aux autorités françaises de négocier. Mais depuis quelques mois, elles multiplient les initiatives pour manifester leur désarroi et leur impatience.

Une vidéo et une pétition

En dernier lieu, le 8 décembre, Clément Legrand, frère de Pierre Legrand, un des otages enlevés avec Daniel Larribe, s'est adressé directement aux ravisseurs dans une vidéo. Cette initiative avait déjà divisé les familles.

Françoise Larribe, épouse de Daniel, elle-même otage pendant cinq mois avant d'être libérée le 24 février 2011, s’était opposée à cette vidéo, mais avait toutefois exprimé, la veille de sa sortie, qu’il fallait que "les engagements pris par le président (François Hollande) soient réels. Il nous est difficile de penser que les otages vont passer leur troisième Noël sur le sable".

En octobre dernier, les familles avaient annoncé leur changement de stratégie en lançant une pétition sur Internet pour demander que les noms des otages français soient quotidiennement rappelés dans les journaux des chaînes télévisées publiques.

Marie-Line Bondu, belle-mère de Pierre Legrand, otage d'Aqmi au Sahel

Et puis, au mois d’août dernier, ce sont les parents de Pierre Legrand, qui fait partie des quatre otages enlevés à Arlit, qui avaient brisé le silence. "On a laissé faire, en confiance, pendant 2 ans. Mais on se doit pour eux d'agir, d'être mobilisés. Ils attendent de nous qu'on les sorte le plus vite possible de là. Ça fait bientôt 700 jours. On sort de ce silence", s’étaient-ils justifiés au micro d'Europe 1, au moment de la date anniversaire de l’enlèvement.

Les autorités françaises avaient réagi début décembre, par la voix de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, qui avait expliqué que la France agit "dans la discrétion" pour obtenir la libération de tous les otages français au Sahel.