Omar Bongo, un des derniers piliers de la "Françafrique"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Doyen des chefs d'Etat africains, Omar Bongo, mort lundi à Barcelone, était à la tête du Gabon depuis plus de 41 ans. Souvent sollicité comme médiateur pour sa "sagesse", il était également critiqué pour ses liens ambigus avec la France et des soupçons de corruption.

Petite taille, moustache, lunettes noires, Omar Bongo, mort lundi à Barcelone, était un des symboles de la "Françafrique", cette relation complexe entretenue entre Paris et ses anciennes colonies d'Afrique, où se mêlent raison d'Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes. Son nom apparaît ainsi dans l'affaire Elf, symbole des dérives de la Françafrique.

Ses relations avec la France s'étaient d’ailleurs tendues récemment. La justice, les médias et des ONG s'intéressaient de près à son patrimoine immobilier alors que ses comptes bancaires avaient été saisis dans le cadre d'une affaire privée l'opposant à un particulier français sur un différend de plus de 400.000 euros.

Ce "dinosaure" du continent, à la tête de son pays depuis plus de 41 ans, fin tacticien politique, un don qui lui a permis de conserver le pouvoir sous le régime du parti unique comme sous le multipartisme depuis 1990, était considéré comme un "sage" en Afrique, où il a souvent servi de médiateur ou d'intermédiaire dans de nombreuses crises et notamment en Centrafrique, au Tchad ou au Congo.

Ecoutez le portrait de ce "vieux crocodile", par Marc Messier :

 

 

 

Né le 30 décembre 1935 dans une famille de paysans du pays batéké, dans le sud-est du pays, Albert-Bernard Bongo - il deviendra el-Hadj Omar Bongo après sa conversion à l'islam en 1973 - a connu une ascension fulgurante.

Remarqué par le premier président du Gabon, Léon Mba, qui en fait son directeur de cabinet, il devient son vice-président en 1967 et lui succède la même année après le décès, le 28 novembre, de Léon Mba. Omar Bongo instaure le régime du parti unique en 1968.

Dans les années 70 et 80, l'or noir coule à flots, lui permettant de transformer son petit pays d'Afrique centrale en "émirat pétrolier". Seul candidat, il est élu président en 1973, 1979 et 1986, avec des scores fleuve. En 1990, face à la fronde populaire, il autorise le multipartisme, mais conserve le pouvoir aux scrutins de 1998 et 2005.